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« Il est urgent de réduire notre consommation d’antibiotiques »

Publié le 05/05/15


Pr Antoine Andremont, chef du service de bactériologie de l’hôpital Bichat, à Paris, et spécialiste de l’antibiothérapie.


Vous tirez la sonnette d’alarme concernant l’usage qu’on fait des antibiotiques. Quels risques cela fait-il courir ?

Notre surconsommation en médecine, mais aussi dans le secteur vétérinaire, fait qu’aujourd’hui la résistance des bactéries commence à devenir un problème significatif. Depuis les années 1950, on sait que les bactéries réagissent aux antibiotiques en devenant, pour certaines, résistantes, voire multi-résistantes.

Au cours des décennies qui ont suivi, on ne s’en est guère inquiété car on découvrait très régulièrement de nouvelles molécules capables de contourner ces problèmes derésistance. Or, depuis vingt ans, aucune nouvelle classe d’antibiotiques n’a été mise sur le marché. Résultat : pour un certain nombre de patients, l’arsenal thérapeutique est devenu très réduit. En Europe, 25 000 personnes meurent chaque année à la suite d’infections nosocomiales (contractées à l’hôpital, ndlr).

Que faut-il faire ?

Il est urgent de réduire notre consommation d’antibiotiques qui, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), a augmenté de 5,9 % depuis 2010. Le plan visant à baisser cette consommation de 25 % d’ici à 2016 est donc mal engagé. Pour inverser la tendance, l’antibiothérapie doit revenir à sa vocation première : soigner exclusivement les gens, en respectant indications, posologies traitements.