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Les antibiotiques, ce n’est plus automatique
Publié le
30/04/15
Jusqu’en 2001, la France était l’un des pays européens (avec la Grèce) qui consommait les plus d’antibiotiques. Aujourd’hui, elle est citée en modèle.
Depuis la campagne de sensibilisation menée entre 2002 et 2007 par la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) auprès du public et des médecins, les Français ont diminué leur consommation d’antibiotiques de 26,5 %.
Le slogan « Les antibiotiques, ce n’est pas automatique » a donc non seulement porté ses fruits, mais dépassé l’objectif fixé par le ministère de la Santé. Cette baisse a en effet été observée dans toutes les régions de l’Hexagone, tant en ville qu’à l’hôpital, et dans toutes les tranches d’âge. Chez les moins de 6 ans, le taux de prescription est même passé de 45 % avant 2001 à 25 % actuellement.
Si le message a bien été reçu par les patients, il a également atteint son autre cible : les médecins, généralement considérés comme de gros prescripteurs d’antibiotiques. La mise à disposition de tests de diagnostic rapides d’angines a certainement contribué à faire chuter le nombre d’ordonnances.
Grâce à cet outil, les médecins peuvent très facilement, dans leur cabinet, démontrer aux malades, lorsque c’est le cas, que l’angine dont ils souffrent est d’origine virale et que, par conséquent, les antibiotiques sont aussi inefficaces qu’inutiles.
Le résultat de cette campagne, dont le coût a été évalué à 500 millions d’euros, ne s’est pas fait attendre : la résistance des microbes aux antibiotiques a, elle aussi, baissé de manière significative.
A titre d’exemple, et selon une étude qui remonte à 2008, le taux de résistance du pneumocoque à la pénicilline est passé de 47 % en 2001 à 36 % en 2006. Et dans les hôpitaux, la proportion de staphylocoques dorés (particulièrement dangereux) résistants à la méthicilline est passée de 33,4 % en 2001 à 26,7 % cinq ans plus tard.
« La France a toutes les raisons d’être fière de ce succès. Elle est l’un des plus beaux exemples nationaux en matière de lutte contre la surconsommation d’antibiotiques », peut-on lire dans le journal The Public Library of Science (PloS). La revue médicale internationale regrette juste de ne pas pouvoir identifier « les mesures les plus efficaces et applicables aux autres pays ».
De fait, au Royaume-Uni, la consommation n’a diminué que de 5,8 % après deux campagnes hivernales menées en 2004 et 2005 alors qu’en Islande, la baisse de l’ordre de 35 % enregistrée entre 1991 et 1997 fut sans lendemain. Preuve qu’il ne faut pas crier victoire trop vite d’autant que, même exemplaire, la France consomme encore deux fois plus d’antibiotiques que les Allemands et trois fois plus que les Néerlandais.