Santé mentale des jeunes : l’état d’urgence ?
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Sensibilité à l’insuline très abaissée, diabète plus agressif et plus à risque de complications que chez l’adulte… Le diabète de type 2, en augmentation chez les jeunes, faisait l’actualité du congrès européen de diabétologie 2019 (EASD 16-20 septembre, Barcelone, Espagne). Peut-on encore parler de « diabète de la maturité » ?
Alors qu’un recul du diabète de type 2 chez l’adulte s’amorce en France pour la première fois depuis 20 ans*, le diabète « sucré » ne semble plus épargner aujourd’hui les enfants et adolescents. Pour rappel, cette maladie est caractérisée par une hyperglycémie chronique, c'est-à-dire par un taux trop élevé de glucose (sucre) dans le sang, à l’origine de graves problèmes de santé, en particulier des cardiovasculaires, rénaux, oculaires, etc.
En France, le diabète de type 2 chez les jeunes est encore rare, mais pour combien de temps ? L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) estime, malgré la quasi-absence de données nationales, « que le diabète de type 2 touche de plus en plus de jeunes, y compris des adolescents, voire des enfants ». Une thèse de médecine de 2017 a chiffré qu’une fois sur dix, un diabète révélé avant l’âge de 18 ans chez des jeunes hospitalisés sur l’île de La Réunion entre 2010 et 2014 était un type 2. Les trois-quarts étaient obèses. Difficile cependant d’extrapoler au reste du pays.
Le diabète de type 2 chez l’enfant est effectivement une maladie « récente » sociétale qui passe avant tout par les mesures de prévention de l’obésité de l’enfant. « En réalité, fait remarquer le Pr Bernard Bauduceau, diabétologue et membre de la Société francophone du diabète, cette augmentation du diabète de type 2 juvénile ne devrait pas surprendre, car elle est corrélée à celle de l'obésité des enfants. Cet avis est globalement partagé par les experts présents à l’EASD, mais ces hypothèses restent à confirmer.
L’éducation des familles, la mise en place d’un vrai programme de prévention et d’éducation (notamment avec un repérage scolaire efficace) seraient des mesures à mettre en place en urgence.
Une des particularités de ce diabète sucré chez les jeunes est une sensibilité à l’insuline des tissus globalement plus basse que chez l’adulte. De plus, ajoute le Pr Kieren Mather (Université de l’Indiana, USA), « les traitements ne semblent pas retarder l’évolution de l’histoire naturelle de la maladie chez ces jeunes et la dégradation de la fonction des cellules bêta (celles qui synthétisent de l’insuline dans le pancréas) semble précoce, rapide et agressive comparativement aux adultes. »
Pour ne rien arranger, le contrôle du taux de sucre dans le sang (glycémie) laisse à désirer dans cette tranche d’âge : « celui-ci est mauvais chez 49 % des jeunes type 2 après 4 ans d’ancienneté du diabète », compare Catherine Pihoker (Université de Washington, Seattle).
Or, l’enjeu est crucial, le fardeau des complications précoces chez les jeunes diabétiques étant particulièrement lourd. « Parmi les diabétiques de type 2 de moins de 20 ans, même sur une courte durée de diabète - environ 8 ans dans l’étude SEARCH for Diabetes in Youth - explique le Pr Pihoker, ceux-ci ont un excès de complications rénales, rétiniennes et neurologiques ». Au final, les trois quarts ont au moins une complication ou une maladie associée (comorbidité).
Seuls deux médicaments sont autorisés chez les jeunes diabétiques de type 2 : l’insuline et un médicament par voie orale, la metformine. Cette dernière ne permet cependant un contrôle durable que chez seulement la moitié d’entre eux, selon l’étude TODAY (Center for disease control and prevention, USA) présentée en avant-première au congrès 2019.
C’est pourquoi d’autres médicaments, déjà disponibles chez l’adulte, sont en phase de tests.
* D’après les données du Système national d’information interrégimes de l’Assurance maladie (SNIIRAM) avec une diminution de 2,6 % pour les hommes et 3,9 % pour les femmes sur la période 2010-2017.
Hélène Joubert, journaliste, d’après le suivi du congrès européen de diabétologie 2019 (EASD 16-20 septembre, Barcelone, Espagne) et d’après un entretien avec le Pr Bernard Bauduceau (Saint-Mandé).
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