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Hypertension : sachez la surveiller !
La France compte 10,5 millions d’adultes hypertendus. Mais entre 2 et 4 millions de personnes supplémentaires seraient également concernées. D’où l’encouragement à l’automesure car les complications peuvent être graves.
Mode d’emploi avec le Dr Nicolas Postel-Vinay, de l’unité hypertension de l’hôpital Georges-Pompidou, à Paris.
L’hypertension artérielle (HTA) est l’une des affections chroniques les plus répandues. Elle concerne entre 12 et 14 millions d’individus dans l’Hexagone, dont seuls un peu plus de 10 millions suivent un traitement. Cette différence tient à une raison toute simple : « Les hypertensions légères à modérées sont sans symptôme », indique le Dr Nicolas Postel-Vinay, de l’unité hypertension de l’hôpital Georges- Pompidou, à Paris. Conséquence, seule la mesure de la pression artérielle permet de poser un diagnostic.
La tension par soi-même
« La pression artérielle varie chaque minute de façon entièrement normale. Mais elle change également selon le moment de la journée, en fonction du sommeil ou de l’activité, de la prise d’excitants, d’une émotion, d’une douleur, etc. Il est donc nécessaire de multiplier les mesures avant d’établir une moyenne. » Or, un médecin en consultation n’a pas toujours suffisamment de temps pour la calculer dans de bonnes conditions, sans compter l’effet dit « blouse blanche », à même d’augmenter la tension d’un patient qui serait impressionné ou seulement émotif. L’alternative passerait-elle par l’autonomie du patient ? Aujourd’hui, 35 % des hypertendus sont déjà équipés d’un auto-tensiomètre. « Ces instruments de mesure sont à la fois précis et accessibles, souligne le Dr Postel-Vinay. L’avenir en termes de santé publique, c’est l’automesure. » (1) Elle permettrait notamment aux 4 millions d’hypertendus, sans doute modérés, qui s’ignorent d’en prendre connaissance et, du coup, de se surveiller, voire de modifier leur mode de vie.
Facile d’utilisation, les appareils d’automesure doivent être utilisés en position assise ou couchée, après une période de repos d’au moins quinze minutes, selon un protocole strict. « Vous prenez votre tension trois fois le matin et trois fois le soir, à une minute d’intervalle, trois jours de suite au minimum, sept jours au maximum, et vous faites la moyenne. Il est préférable d’employer un auto-tensiomètre à placer sur le bras, en brassard,plutôt qu’au poignet. » L’unité hypertension de l’hôpital Georges-Pompidou a même mis au point un outil, disponible sur Internet, pour aider les patients à décrypter leurs résultats. (2)
Des mesures d’hygiène et de diététique
Si l’hypertension artérielle est liée à l’âge, d’autres facteurs peuvent l’aggraver, comme le surpoids, le tabagisme, l’alcool, la sédentarité et le stress, les antécédents cardiovasculaires personnels et familiaux, ou encore une alimentation trop salée. Les leviers d’action sont donc multiples selon le profil du patient. « Chez une personne de moins de 40 ans qui a une légère élévation de sa tension et qui ne présente pas d’autres risques (cholestérol, diabète…), un traitement médicamenteux n’est pas forcément nécessaire, souligne le Dr Postel-Vinay. Il sera tout aussi bénéfique de pratiquer une activité physique, d’arrêter de fumer ou de modifier son régime alimentaire. »
En revanche, et c’est démontré, plus on vieillit, plus les médicaments antihypertenseurs sont efficaces. Ils permettraient un recul de 11 % de la mortalité, selon la Haute Autorité de santé (HAS). Le traitement est à vie, mais au-delà de 82 ans, il y a ce qu’on appelle une « dé-prescription ». « La règle est de ne plus augmenter les doses et, de manière générale, de lever un peu le pied en fonction des chiffres, car les risques ne sont plus les mêmes que pour une personne de 50 ans. Il faut notamment éviter les interactions médicamenteuses, le sujet âgé étant souvent soigné pour de multiples pathologies. »
Facteur de risque cardiovasculaire
Quoi qu’il en soit, une HTA non traitée peut entraîner de nombreuses, voire sérieuses, complications. « Parmi les risques encourus, il y a la lésion des artères, ce qui peut provoquer une hémorragie cérébrale, une insuffisance rénale, un infarctus du myocarde et, plus rarement, une artérite au niveau des jambes », précise le Dr Postel-Vinay. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’hypertension serait d’ailleurs responsable de 45 % des décès d’origine cardiovasculaire dans le monde.
D’où l’importance de bien contrôler son hypertension et, en amont, de la repérer. « Les appareils de mesure coûtent entre 30 et 60 euros. Et si vous n’avez pas les moyens d’investir dans un auto-tensiomètre, vous pouvez vous en faire prêter un par votre médecin généraliste. » L’automesure de la tension dans son salon, mieux qu’un gadget : une méthode d’éducation thérapeutique reconnue par les autorités de santé.
Le saviez-vous ?
Moins de 14/9 ! L’hypertension artérielle (HTA) se caractérise par une augmentation permanente de la pression exercée par le sang sur les parois des artères. Deux valeurs permettent de la calculer : la pression artérielle dite « systolique », au moment de la contraction du coeur (elle correspond au chiffre le plus élevé), et la pression artérielle « diastolique », quand celui-ci se relâche.
La tension artérielle s’exprime en millimètres de mercure (mmHg). Si un niveau minimal est nécessaire pour que le sang circule dans tout l’organisme, la tension doit être inférieure à 135/85 mmHg chez soi, ou 140/90 mmHg (14/9) lors d’une consultation médicale. Entre 135/85 et 160/100 mmHg, l’HTA est considérée comme légère à modérée. Au-delà, elle accroît, entre autres, le risque cardiovasculaire.
1 : C’est le nombre de fois qu’une personne en bonne santé doit vérifier sa tension chaque année, surtout après 50 ans. Pour un patient hypertendu bien contrôlé, c’est deux fois par an.
(1) L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a établi une liste des appareils homologués : www.ansm.sante.fr
(2) www.automesure.com. Pour établir votre profi l, un questionnaire est également disponible sur www.centre-hypertension.org