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Infarctus : bilan décevant pour la loi antitabac

Publié le 10/04/17


Deux ans après la mise en application de la loi antitabac dans le cadre de la lutte contre le tabagisme passif, une étude montre qu’elle n’a pas eu les conséquences espérées sur la baisse du nombre d’accidents cardiaques en France.



« C’est décevant », reconnaît le Pr. Daniel Thomas, cardiologue à la Pitié Salpêtrière à Paris, après la publication des résultats d’une enquête évaluant l'impact de l'interdiction de fumer dans les lieux publics sur les syndromes coronaires aigus. Selon cette étude, la mise en application du décret, en février 2008, n’aurait eu qu’un impact très faible sur la baisse du nombre d’infarctus. « Nous n’avons pas de visibilité nette sur les conséquences de cette interdiction, par rapport à certains pays voisins », explique le spécialiste.



Une nouvelle « exception culturelle »



En effet, les pays européens ayant pris des dispositions similaires, comme l’Italie ou l’Ecosse, ont vu le nombre d’infarctus chuter de façon spectaculaire : -17 % en moyenne. En France, en revanche, l’étude menée entre 2003 et 2008 met au jour une baisse constante des accidents cardiaques, sans que les courbes n’aient été significativement affectées par l’entrée en vigueur de la loi.Une entrée en vigueur graduelle, ce qui explique sans doute cette nouvelle « exception culturelle ». Si l’interdiction de la cigarette a été appliquée à partir du 1er février 2007 dans les principaux lieux publics (entreprises, administrations, établissements scolaires…), il a fallu attendre une année de plus pour qu’elle se généralise à tous les lieux de convivialité (cafés, hôtels, restaurants, discothèques, casinos).



La prévention par le prix



Malgré ce constat un peu décevant, « la solution a fait ses preuves », assure le Pr. Thomas. « En Ecosse, 23,7 % des sujets ayant eu un infarctus avant le décret se disaient exposés au tabagisme passif, dans les pubs ou les clubs par exemple. Après sa mise en application, ils n’étaient plus que 2,6 % ! En France, la proportion n'était que de 3 % avant la loi, et elle est désormais de 2 %. ». Pour avoir un réel impact sur la santé publique, l’interdiction de fumer dans les lieux publics doit s’accompagner d’une augmentation significative du prix des cigarettes, selon le cardiologue qui regrette la frilosité des politiques sur ce point. Il faudrait sans doute aussi remobiliser les agents de contrôle. C’est ce que préconisait dans son rapport de décembre 2009 l’Association Droits des non-fumeurs (DNF). Trois ans après l’application de la loi anti-tabac, « près d’une entreprise sur quatre ne respecte plus l’interdiction de fumer dans les locaux », selon la DNF. 

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