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Le rire qui soigne

Publié le 05/05/15


Des études montrent que nous rions de moins en moins. Pourtant, c’est bon pour la tête comme pour le corps. Pour preuve, le développement des thérapies par le rire. Décryptage avec le Dr Henri Rubinstein, neurologue.

Outil de communication et de critique sociale, le rire est souvent abordé sous un angle socioculturel : l’humour. Mais rire est d’abord une manifestation physiologique dont les effets ont des répercussions thérapeutiques sur le corps et le cerveau. « Le rire est un réfl exe, une réponse physique involontaire à une stimulation, en l’occurrence ici une émotion plaisante, explique le neurologue Henri Rubinstein. Or un réflexe a pour fonction de protéger l’organisme. »

L’une des vertus vitales du rire, c’est d’entraîner une profonde détente musculaire. « C’est une onde qui se transmet sur toute la musculature (visage, larynx, diaphragme, abdominaux, membres...). Le corps se relâche, jusqu’à devoir s’asseoir. »

Un antistress naturel

Et cette détente irradie dans tout l’organisme. Après une brève accélération, le rythme cardiaque diminue, les artères se relâchent et, du même coup, la pression artérielle baisse. Les bronches s’ouvrent davantage et augmentent la ventilation pulmonaire : l’organisme est apaisé, respire mieux.

Le rire est même bénéfique pour le système immunitaire en contribuant à rééquilibrer les effets du stress, qui use et favorise les maladies. Au niveau du cerveau, le rire stimule la sécrétion d’endorphines. « Ces antidouleurs naturels et neuromédiateurs du bien-être aident à éliminer les excès d’adrénaline et de cortisol dus au stress », précise le Dr Rubinstein.

Une arme contre la maladie

En France, il existe des dizaines de clubs de rire qui mettent en pratique cette thérapie par le rire, encore appelée « gélothérapie » ou « rigologie ». « Le corps ne fait pas de distinction entre un rire spontané et un rire déclenché à titre d’exercice, souligne Françoise Rousse, de l’université du rire, à Paris. C’est intéressant quand on sait combien le rire est communicatif ». Les points cardinaux de cette méthode ? La respiration, l’expression sonore et le lâcher-prise. Douleurs articulaires, migraine, insomnie, anxiété : des participants témoignent se sentir mieux grâce à ces « parties de rire ». Et depuis une dizaine d’années, la thérapie par le rire a même conquis certains professionnels de santé, notamment en oncologie pédiatrique.



  

Soutenir les enfants malades par le rire

Un enfant malade est d’abord un enfant, qui se construit dans la joie. C’est le principe fondateur des associations de clowns qui, depuis les années 1960, se « produisent » dans les hôpitaux pour distraire et soulager les très jeunes patients. En France, Le Rire Médecin a été fondé en 1991. Ses acteurs-clowns, spécifiquement formés, interviennent en duo et de façon personnalisée dans une quarantaine de services pédiatriques dans l’Hexagone, main dans la main avec les soignants, dans le respect des disponibilités, de la fatigue et des besoins de l’enfant. Et l’expérience est concluante : en leur faisant oublier un moment leur maladie, ces interventions contribuent à leur redonner courage et parfois même à libérer la parole.


leriremedecin.org