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Repas des enfants : gardez la bonne humeur au menu
Qui n'a pas vécu ou assisté à un repas pénible, entre enfants réfractaires et parents à bout de nerfs ? Pas question pour autant de se crisper ou de jeter l’éponge, car le repas des enfants les aident à grandir, dans tous les sens du terme. D'où l'importance de savoir accompagner son enfant, entre autorité et astuces. Les conseils de Laurence Haurat, psychologue et nutritionniste
« Beurk, beurk et beurk ! » Le verdict de votre progéniture est sans appel. Pourtant, vous y aviez mis tout votre amour, dans cette purée. Comme hier, comme avant-hier. Rien à faire, vous pressentez la suite : crise de larmes et assiette par terre. « Entre 3 et 8 ans, les enfants traversent en général une période dite de “néophobie” qui se caractérise par la peur de la nouveauté. Il faudra parfois leur présenter un aliment jusqu'à seize fois avant qu'ils acceptent de l'avaler », rassure Laurence Haurat, psychologue-nutritionniste. Et ne cherchez surtout pas à comprendre ce qui s'est passé dans la tête de votre bambin la dix-septième fois : « Les goûts des enfants sont très versatiles, rien n'est figé ». Ce qui ne veut pas dire que l'apprentissage des saveurs se fait tout seul. Pour cela, mieux vaut commencer tôt. « Dès le sevrage, il est important d'éveiller la curiosité et de multiplier les saveurs, affirme la spécialiste. En général, les enfants amenés à tester différentes choses tôt sont davantage prêts à aller vers l'extérieur. »
Le repas des enfants : prenez du recul
Manger fait donc partie de l'apprentissage de la vie. Mais gare au surinvestissement ! Si votre enfant ne mange pas ce que vous lui cuisinez, cela ne fait pas de vous un mauvais parent. Il n'a peut-être tout simplement pas faim et se rattrapera au repas suivant. « Il faut faire très attention aux normes dictées, entre autres, par certains médecins ou médias. Seul l'enfant sait de combien de millilitres de lait il a envie et besoin pour être rassasié, prévient la psychologue-nutritionniste. Un petit ne se laissera jamais mourir de faim. » Peut-être aussi l'enfant espère-t-il se voir servir autre chose. Barbara, maman d'une petite Léa de 18 mois, voit sa fille lui réclamer exclusivement des pâtes à chacun des repas. « Si ce n’est pas le cas, elle trie consciencieusement le contenu de son assiette et n'en mange que la moitié. Alors, parfois, c'est vrai que je rajoute une portion de pâtes, histoire d'être sûre qu'elle a le ventre plein.»
Une chose est sûre : en cas de refus de manger, mieux vaut éviter de montrer votre contrariété : le repas des enfants peut se révéler être un outil de chantage providentiel pour certains petits. Aurélie se souvient notamment des débuts à table de sa fille Julie : « Elle était constipée, alors son père et moi faisions très attention au fait qu'elle mange les bons aliments. Et ça, elle l'a vite compris, c'est devenu un réel moyen de pression. » A l’inverse, d'autres enfants risquent de culpabiliser devant la mine déconfite et attristée de leurs parents face à une assiette non finie. Quoi qu’il en soit, si votre enfant commence à perdre du poids, il est important de consulter : il y a sans doute une raison physiologique ou psychologique qu’il convient de détecter.
Un soupçon de ruse dans les recettes pour enfants
Evidemment, certains aliments ont plus de succès que d'autres. Un plat d’épinards ne suscitera jamais le même enthousiasme qu’une portion de frites. Parfois, il faut donc ruser un peu pour le repas des enfants. Au rayon des astuces, vous pouvez cacher les aliments « problématiques » sous un peu de gruyère, voire de ketchup. Ou proposer des défis à l'enfant : lui donner un nombre de bouchées précis à avaler, l’inciter à deviner quels ingrédients composent le plat qu'il a devant lui… Il est également important de l’associer à l'élaboration du repas, de l'emmener faire le marché ou les courses, ou de le faire participer dans la cuisine. « Même si le petit s’est contenté de verser la farine dans le saladier, il aura quand même aidé à la fabrication du gâteau. Lorsqu’on est uniquement dans la dégustation, on se retrouve finalement dans la situation de l’adulte qui met un plat tout préparé au micro-ondes », explique Laurence Haurat. Il ne faut pas non plus hésiter à le mettre à contribution pour préparer la table, ne serait-ce qu'en lui demandant d'amener lui-même son verre d'eau à sa place. L'apprentissage de l'autonomie passe également par là. Evidemment, les tâches confiées aux enfants doivent rester à la hauteur de leurs aptitudes !
Un zeste d'autorité pendant le repas
Si le repas est souvent un moment ludique, il n'en reste pas moins un espace où doit s'exercer l'autorité des parents. « La table est un champ d'éducation qui va bien au-delà de l'assiette, d'où l'importance de fixer des règles », insiste la psychologue. A commencer par l'incitation à goûter. Le « j'aime pas » n'est audible et acceptable qu'après dégustation. Et si l'assiette reste pleine et que vous menacez de l'enlever… eh bien faites-le ! Une menace n'est prise au sérieux par l'enfant que si elle risque vraiment d’être mise à exécution. S'il a faim, il fera un effort. Sinon, il attendra le prochain repas. Quant aux enfants qui essaient de se sauver de table pour rejoindre leurs jeux, « il ne faut pas hésiter à les obliger à rester assis », estime la psychologue, car 20 minutes, c’est la durée maximale pendant laquelle un enfant entre 3 et 7 ans accepte généralement de rester à table.
Enfin, ne négligez pas le mimétisme : le premier exemple des enfants, ce sont... les parents. Le repas des enfants c’est aussi le repas des adultes. En clair, on enlève les coudes de la table, on se tient droit, on utilise sa fourchette correctement et on fait mine de se régaler devant des épinards à la crème, même si ce n’est pas tout à fait vrai. Car il y a de fortes chances pour que votre descendance, par souci d’imitation, déguste sans broncher ce qui lui a été servi !
Plus d'informations pour bien se nourrir en famille : http://onmangequoi.lamutuellegenerale.fr/famille