Quand une école primaire et une maison de retraite font toit commun
En Indre-et-Loire, une quarantaine d’élèves cohabitent en toute harmonie avec les résidents d’une maison de retraite intergénérationnelle. Reportage.
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Faire du bien à son corps tout en faisant du bien à la planète, c’est la promesse du plogging. Cette discipline venue de Suède, qui allie course à pied et ramassage des déchets, fait de plus en plus d’adeptes en France. Reportage.
Ils sont près d’une trentaine, ce samedi matin, à sillonner les rues de Trévoux, une jolie bourgade plantée en bord de Saône, à une trentaine de kilomètres au nord de Lyon. Certains courent, d’autres marchent, mais tous ont un point en commun : sac-poubelle dans une main, pince dans l’autre, ils avancent en zigzags, sous le regard étonné des riverains. « On court après les déchets », lance en souriant un jeune homme à une dame qui, face à ce drôle de manège, semble s’interroger.
C’est la première fois que Trévoux organise un plogging, cette discipline venue de Scandinavie, dont le nom est la contraction du verbe ploka upp, qui signifie ramasser en suédois, et du mot jogging. « Cela consiste à profiter d’une balade ou d’un jogging pour ramasser les déchets qui traînent sur le parcours », explique Marc Péchoux, le maire de commune.
Des déchets, à Trévoux comme ailleurs, il y en a beaucoup. La France en produit plus de 340 millions de tonnes chaque année, dont une partie se retrouve dans la nature, malgré les efforts des collectivités. « On a beau avoir des services municipaux étoffés, on ne peut pas être derrière tout le monde, reconnaît Jean-Marc Rigaudie, adjoint à la mairie et responsable de la communication et des espaces publics. Il y a 7 000 habitants à Trévoux, c’est tout simplement impossible ! Ce qu’il faut, c’est éduquer les gens à être plus respectueux de leur environnement », affirme-t-il. Avant d’ajouter : « L’écologie, c’est l’affaire de tous ! »
C’est précisément là l’une des vertus du plogging : permettre à chacun de participer, à son échelle, à la défense de l’environnement. « En ramassant les déchets, on prend conscience de la pollution qu’ils représentent, relève Véronique, une jeune retraitée. Regardez ce que j’ai déjà récupéré : des bouteilles en plastique et des canettes en métal, toutes recyclables, des emballages de compote, et même un cabas en assez bon état. »
"Il faut éduquer les gens à être plus respectueux de leur environnement"
Jean-Marc Rigaudie, Adjoint à la mairie de Trévoux, responsable des espaces publics.
Autant de déchets qui auraient certainement fini leur course dans les océans, drainés par les eaux ou portés par les vents. Chaque minute, rappelle WWF France, l’équivalent d’un camion de déchets plastiques y est déversé, intoxiquant les animaux marins, souillant les plages et les littoraux. Au total, près de 86 millions de tonnes de plastique pollueraient les mers, une grande partie ayant déjà sombré au fond des eaux.
Sur le chemin de halage qui longe la Saône et qu’empruntent chaque jour touristes et joggers, Charles s’affaire lui aussi. Les mains protégées par des gants, il ramasse des mégots de cigarettes, puis les glissent un à un dans l’une des deux bouteilles qu’il porte en bandoulière. « Je n’aurais jamais imaginé en trouver autant », avoue le dynamique sexagénaire, l’air quelque peu dépité.
Véronique le confirme : « Des mégots, c’est ce qu’on trouve le plus sur le parcours, en particulier sur les parkings et près des bancs. On pourrait passer des heures à les ramasser tant il y en a, s'indigne-t-elle, alors qu’il existe des petites boîtes où on peut les stocker pour les jeter à la poubelle une fois rentré chez soi. Il y a un vrai problème d’éducation ! »
Difficile de lui donner tort. Selon les estimations de l’Agence de la transition écologique (Ademe), entre 20 000 et 25 000 tonnes de mégots seraient jetées par terre chaque année en France. Une pollution visuelle, mais surtout environnementale, un mégot suffisant à lui seul à polluer 500 litres d’eau.
Yann Gallay est membre de l’Association des joggeurs et traileurs de Saône Vallée (AJT) et conseiller municipal. Passionné par la course à pied et l’environnement, c’est lui qui a convaincu la commune d’organiser ce plogging. « La nature, ça me parle ! C’est important de la préserver et le plogging, pour ça, c’est idéal, assure ce sportif accompli. Bien sûr, ce n’est pas comme un jogging classique, le rythme est beaucoup plus lent parce qu’on est tout le temps en train de regarder à droite, à gauche, pour chercher ce qu’on peut ramasser. Mais ça reste quand même dynamique : il faut se baisser, se relever. Et puis, il y a pas mal de changements de rythmes. »
"Au-delà de la dimension écocitoyenne, c'est un exercice assez sympa"
Avec Jean-Paul, son camarade de course, Yann a opté pour le plus long des deux parcours proposés par la mairie. Près de dix kilomètres, dont une partie en montée pour rejoindre le centre-ville et son entrelac de ruelles étroites et pittoresques. « Avec les autres joggers de l’AJT, on a un peu tendance à se tirer la bourre, avoue-t-il. C’est à celui qui finira avec le sac le plus lourd ou le plus rempli. Au-delà de la dimension écocitoyenne, c’est un exercice assez sympa ! »
Sympa, le plogging l’est assurément. Pour un peu, on se croirait à une chasse où les trésors auraient été remplacés par des détritus. Peut-être est-ce d’ailleurs cette dimension ludique, loin de toute écologie punitive, qui explique le succès de cette pratique qui promet un corps sain dans un environnement sain. Depuis son apparition en Suède en 2016, le plogging ne cesse de faire des émules un peu partout sur la planète, grâce notamment aux réseaux sociaux. Plus de 300 000 publications y font référence sur Instagram. Sur TikTok, les vidéos qui y sont consacrées totalisent pas moins de 11 millions de vues. Et les défis de toutes sortes, relayés sur Internet, se multiplient.
Au mois de juin 2022, l’athlète Philippe Richet, 54 ans, spécialiste des courses extrêmes, a ainsi ramassé plus de 50 kilos de déchets lors d’une course de 81 kilomètres à travers le département des Landes. Clément Chapel, un Isérois de 30 ans, détient quant à lui le record du monde de plogging : 180 kilos de déchets collectés en un peu plus de trente heures, lors d’une boucle… de 161 kilomètres !
Même les fédérations sportives s’y sont mises. En 2021, le plogging a fait son entrée au catalogue des quelque 200 activités que propose l’ASPTT Fédération Omnisport. « Cela correspond aux valeurs que l’on porte au sein de notre mouvement. C’est une activité écocitoyenne, bénéfique pour la santé, accessible à tous, que l’on peut faire aussi bien en marchant qu’en courant, à tous les âges de la vie. Au fond, ça va avec notre histoire », assure Clément Gâteau, chargé de développement des offres sportives et des événements.
La discipline n’a cependant pas que des adeptes. Certains reprochent aux ploggers de se donner bonne conscience à moindres frais, pointant la quantité infime de déchets collectés au regard des milliards produits annuellement à l’échelle de la planète. « C’est sûr, cela peut sembler être une goutte d’eau dans l’océan, reconnaît Clément Gâteau. Mais si chacun fait un petit effort, ramasse un mégot par-ci, une canette par-là, cela peut aider à changer les choses. » Ne dit-on pas que les petits ruisseaux font les grandes rivières ?
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Mon bien-êtreSociologue, docteur HDR en sciences de l’Information et professeur à l’INSEEC, Serge Guérin, 61 ans, est spécialiste des questions liées au vieillissement de la société et aux enjeux de l’inter-génération.
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