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Accident vasculaire cérébral : aider le patient aphasique à communiquer

L'accident vasculaire cérébral survient toujours brutalement. Il faut alors réagir très rapidement, de façon à limiter les risques de mortalité ou de handicap. Parmi les handicaps possibles, il y a l'aphasie, qui laisse la victime d'AVC en incapacité de communiquer. Comment peut-on alors aider la personne aphasique à recouvrer cette fonction vitale ?

Brigitte Bègue Journaliste santé
Publié le 23/10/20
Temps de lecture 4 min

L' accident vasculaire cérébral, première cause de handicap

Dans 80% des cas, l'accident vasculaire cérébral est un infarctus cérébral : un caillot de sang bouche une artère. Dans les 20% restants, c'est une hémorragie cérébrale : les vaisseaux se rompent. Certaines zones du cerveau n'étant sont plus vascularisées, les neurones se nécrosent. Pour éviter les séquelles graves, il faut très vite appeler le 15. Chaque année, en France, environ 150 000 personnes sont victimes d'un AVC, 62 000 en meurent. C'est la troisième cause de mortalité, la deuxième cause de démence après la maladie d'Alzheimer et la première cause de handicap.

Devenir aphasique, en quoi cela consiste-t-il ?

Après un AVC, 30 000 personnes deviennent aphasiques. Leur moyenne d'âge est de 73 ans mais un quart n'ont pas 65 ans. Le patient aphasique subit une perte totale ou partielle de sa capacité à communiquer. Tous les aspects du langage sont affectés : soit les patients ne parlent pas, soit ce qu'ils disent est incompréhensible. Dans 25 à 30% des cas, la rééducation va leur permettre de récupérer un bon niveau de langage en 6 à 18 mois. Mais 20 à 25% des aphasiques décèdent et 50% conservent des troubles importants. C'est dans les six premiers mois que la récupération spontanée est la meilleure, après elle décroit.

Patient aphasique : apprendre à communiquer autrement

Plusieurs approches thérapeutiques existent pour aider le patient aphasique à récupérer : la rééducation cognitive, l'approche psychosociale ou encore l'approche pragmatique. Cette dernière vise surtout à rompre l'isolement des patients dont la parole fait défaut en s'aidant du geste, de l'écrit, de supports imaginés... Dans ce but, un classeur de communication a été mis au point au centre Les Grands Chênes (Korian) à Bordeaux. « On a créé cet outil car les patients et leurs familles sont désemparés de ne pouvoir communiquer, c'est un traumatisme énorme, raconte Isabelle Charton-Gonzalez, orthophoniste. Quand la boite noire du langage est altérée, il faut trouver d'autres codes ».

Quand les photos remplacent les mots pour la personne aphasique

Le classeur est composé d'une série d'images personnalisées rassemblées sur plusieurs planches, un peu comme un livre d'enfants : famille, vêtements, émotion, toilette, objets courants, alimentation, médicaments, loisirs, etc. Les photos du conjoint, des enfants, petits-enfants, du gâteau d'anniversaire... sont sur la planche famille, par exemple. « Il faut que la lecture de la cible soit directe et simple », estime la spécialiste. En fonction de ce qu'ils veulent exprimer ou de ce qu'elle veut savoir, elle pointe les illustrations. Les patients lui répondent par oui ou non ou en désignant l'image adéquate d'un signe, d'une mimique, d'un geste. « L'important est que la personne aphasique réussisse à faire passer un message », juge le Dr Eric Gaujard, neurologue.

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Aphasie post-AVC : Il n'est jamais trop tard

La majorité des patients est adressé par le CHU de Bordeaux dans les trois premiers mois suivant leur accident vasculaire cérébral mais «ils peuvent venir un an après, ce n'est pas trop tard », souligne le neurologue. Les autres sont envoyés par leur généraliste ou par leur neurologue.

Les séances durent de 45 minutes à une heure, à raison de 6 heures par semaine. Grâce à ce support personnalisé, les patients peuvent signaler qu'ils veulent par exemple du lait dans leur café, qu'ils sont au régime sans sel, etc.. Un autre classeur présente en photos les lieux de vie et de soins du centre, l'équipe. Tout le personnel a été formé à s'en servir. Les conjoints aussi. Car quand il rentre chez lui, le patient qui n'a pas retrouvé l'usage de la parole doit pouvoir communiquer avec son partenaire.

Il faut former aussi le conjoint de la personne aphasique

Selon le Dr Gaujard, le classeur apporte un gain évident. « Il permet d'éviter les malentendus, les exaspérations, voire la maltraitance de la personne aphasique. Souvent, les familles sous-estiment la sévérité de l'aphasie. La plupart ne signale pas non plus qu'elle ne comprend pas ce qu'il essaie d'exprimer. Finalement, c'est un handicap partagé par tout l'entourage ». Le classeur a été adopté dans cinq autres établissements. Et l'association française des aphasiques est en train d'étudier la mise en place d'un outil semblable pour les rendez-vous médicaux des personnes qui ne peuvent plus parler ou être compris.

Cinq conseils pour l'entourage du patient aphasique

  • La personne aphasique a besoin de temps, il faut être patient et bienveillant avec elle.
  • Pour lui parler, mieux vaut la regarder bien en face : les expressions du visage l'aident à comprendre.
  • Il est important de l'encourager dans ses progrès  et d'éviter de la reprendre ou de la corriger sans cesse.
  • Toujours privilégier les face à face, et le faire savoir à tous les proches.
  • Même si la communication est difficile, le patient doit continuer à voir sa famille, ses amis pour qu'ils puissent le stimuler, et ne pas s'isoler.

Source : e-santé

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