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Ados : multiplier les régimes décuple les kilos !

Publié le 08/12/17

Le surpoids et l'obésité touchent gravement les enfants et les adolescents. Comme les adultes, ils ripostent en s'imposant des régimes. Mais au final, les effets obtenus sont le plus souvent à l'opposé de ceux attendus : plus ils suivent des régimes, plus ils prennent du poids ! Ainsi, eux aussi sont victimes de l'effet "yoyo"...

Un enfant sur six présente un excès de poids

En 10 ans, le nombre d'enfants obèses d'âge scolaire a doublé en France et les cas d'obésités graves ont été multipliés par cinq environ.

En 2006, 18 % des enfants et des ados âgés de 3 à 17 ans (16 % des garçons et 19 % des filles) étaient considérés comme trop gros (contre 5 % en 1980), dont 3,5 % d'obèses (3 % des garçons et 4 % des filles) (2). Et selon un sondage Ipsos datant d'octobre 2012, 19% des jeunes de 15-25 ans sont en surpoids ou obèses. Enfin, 47 % des adolescentes se trouvent trop grosses.

Les régimes pendant l'enfance et l'adolescence augmentent le risque d'obésité

Victimes de leur surpoids, ils sont aussi de plus en plus nombreux à faire attention à leur silhouette et donc à entreprendre des régimes amaigrissants.

Ces derniers sont parfois contraignants, suivis à l'insu des parents et sans surveillance médicale. Mais les conclusions des études qui visent à déterminer l'efficacité des régimes et la stabilité du poids des jeunes sont encore plus alarmantes. Elles confirment que comme chez les adultes et contrairement au but recherché, plus les jeunes font des régimes, plus ils prennent du poids...

Par exemple, cette étude américaine publiée dès 2003 et ayant porté sur près de 8.200 filles et 6.750 garçons âgés de 9 à 14 ans. En début d'analyse, près d'une fille sur trois et d'un garçon sur six admettaient suivre ou avoir suivi des régimes : de temps en temps pour 25 % des filles et 14 % des garçons, et souvent pour 4,5 et 2 % respectivement. Ces chiffres sont d'autant plus impressionnants qu'ils remontent à une dizaine d'années !

Après trois années de suivi, les enfants suivant des régimes avaient pris plus de poids que les autres. Tant chez les filles que chez les garçons, plus les périodes de régime étaient fréquentes, plus la prise de poids était rapide.

Depuis, d'autres études confirment ce phénomène. Alors que l'on prône la minceur dans un environnement d'abondance alimentaire, rien d'étonnant à ce que de plus en plus de jeunes se lancent dans des régimes. Attirés par les promesses miraculeuses (perte de poids maximale en un minimum de temps et en toute facilité), les jeunes plongent dans le cercle vicieux du "yoyo" : à l'arrêt du régime, les kilos perdus reviennent, avec souvent en prime quelques kilos supplémentaires.

Ce comportement annonce un surpoids ou une obésité dans les années à venir.

C'est ce que confirment deux publications (1) : les adolescents qui ont suivi un régime amaigrissant à 16 ans sont trois fois plus susceptibles que les autres d'être obèses dans les 5 ans qui suivent.

Comment expliquer ce phénomène ?

Les auteurs suggèrent une « adaptation métabolique ». L'organisme riposte à ces grandes variations en s'adaptant, tandis que le maintien du poids nécessite moins de calories qu'auparavant.

L'effet « yo-yo » que l'on a décrit chez l'adulte s'observe aussi chez les ados. Malmené par une succession de privations, l'organisme stocke davantage de calories en prévision d'une future restriction.

Mais l'obésité chez les jeunes n'est pas seulement un problème d'activité physique et d'apports énergétiques. Il s'agit d'un problème complexe mettant en jeu un grand nombre de facteurs et des vulnérabilités psychologiques.

Outre la génétique, l'obésité parentale et les pratiques radicales de contrôle du poids (vomissements, coupe-faim), les symptômes dépressifs, l'insatisfaction à l'égard de son corps, l'isolement social, la honte d'être en surpoids et les attaques d'autrui (moqueries, harcèlement) représentent également des facteurs prédictifs d'une obésité future.

En conclusion, les régimes ne semblent pas efficaces chez les jeunes. Inversement, ils ont plutôt tendance à leur faire prendre du poids.

Il est nécessaire de réviser les notions de régimes et de les encourager à abandonner les privations successives pour un programme sérieux et plus modeste de suivi et de contrôle du poids. Il faut viser le long terme et donc apprendre à se nourrir correctement.

En pratique :

  • pas de restrictions sévères ;
  • adopter une alimentation variée et équilibrée ;
  • pratiquer une activité physique régulière ;
  • et bien entendu bénéficier d'un encadrement médical, via le médecin traitant, le pédiatre, un nutritionniste ou un diététicien.


Tout régime pendant l'adolescence est fortement déconseillé sans surveillance médicale.
Source : e-santé

 

Isabelle Eustache

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