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Allergie : peut-on devenir allergique sur le tard ?

Publié le 05/12/17

L’allergie ne cesse de progresser et particulièrement chez les jeunes. Mais peut-on aussi développer une allergie à 40 ans, à 50 ans ? Les seniors également peuvent-ils soudainement devenir allergiques ? Les symptômes sont-ils alors les mêmes que chez les jeunes ? Nous avons interrogé le Dr Madeleine Epstein, allergologue à Paris et membre du Comité de pilotage de l’Association Asthme & Allergies

 



À quel âge une allergie peut-elle se déclarer ?

Dr Madeleine Epstein : Il n’y a pas d’âge. On peut déclarer une allergie à tous les âges de la vie. L’idée selon laquelle seuls les jeunes peuvent être allergiques est complètement fausse. On peut diagnostiquer une allergie dans l’enfance, chez un adulte d’âge moyen, un cinquantenaire ou chez un senior. Et s’il est vrai que les médecins diagnostiquent davantage d’allergies chez les jeunes, c’est parce que plus on avance en âge, plus l’allergie est sous diagnostiquée. On retiendra qu’il ne faut pas considérer l’âge comme un critère de diagnostic.

L’âge auquel une allergie est diagnostiquée représente-t-il un signe de gravité ?

Dr Madeleine Epstein : Pas du tout, la gravité d’une allergie n’est pas déterminée par l’âge. La survenue est multifactorielle et c’est notamment pourquoi elle peut se manifester à tout âge et selon le même schéma symptomatique (les manifestations de l’allergie sont les mêmes à tous les âges). Si un jeune développe des symptômes typiques, on pense tout de suite à une allergie. À l’inverse, chez une personne âgée, on refuse souvent l’évidence sous prétexte que l’on est trop vieux. C’est ainsi que nombre d’adultes allergiques vivent de nombreuses années d’errance diagnostic et que les statistiques indiquent plus d’allergiques parmi les jeunes en raison d’un sous-diagnostic chez les plus âgés. Il existe un autre facteur majeur expliquant les retards de diagnostic : les comorbidités. On appelle ainsi les autres maladies associées, plus fréquentes avec l’âge, et dont les symptômes vont avoir tendance à masquer ceux d’une allergie sous-jacente. Par exemple, dans le cas d’une allergie donnant des symptômes similaires à ceux d’une sinusite, on donnera en première intention des antibiotiques à un senior, alors que chez un enfant on pensera en premier lieu à explorer une allergie.

Pourquoi devient-on allergique sur le tard ?

Dr Madeleine Epstein : On ne devient pas allergique, on naît avec une prédisposition génétique. Ensuite, l’allergie se développe ou non en fonction des circonstances. On peut ainsi être prédisposé à une allergie au chat, mais ne jamais rencontrer de chat et donc ne jamais devenir allergique. On peut également se retrouver exposé à un chat dès son enfance et déclarer très tôt son allergie, ou à l’opposé être confronté à un chat sur le tard et ressentir seulement à ce moment-là des symptômes allergiques. La concentration d’allergène à laquelle on est exposé est très importante. On dépasse ou non un seuil. J’ai par exemple rencontré en consultation une personne de 75 ans venant subitement de développer un rhume des foins évident tout simplement parce qu’elle venait d’atteindre pour la première fois son seuil déclenchant pour les pollens de bouleau, dont la concentration à cette période avait été particulièrement importante cette année-là. Outre les circonstances de rencontre avec l’allergène et l’atteinte d’un seuil déclenchant, la fragilité joue aussi un rôle primordial. La fatigue, le stress, les contrariétés sont également des facteurs favorisants. C’est ainsi que les enfants qui ont hérité du terrain allergique de leur père et/ou leur mère déclarent souvent une allergie avant leurs propres parents. J’ai suivi une petite fille de 8 ans jusqu’à ses 14 ans pour un asthme allergique et ce n’est que lors de la dernière consultation que sa mère alors âgée de 40 ans, dont le nez commençait à la piquer, m’annonce qu’elle pensait être allergique aux pollens.

Que conseillez-vous pour améliorer le diagnostic à tout âge ?

Dr Madeleine Epstein : Quand des symptômes inexpliqués et répétitifs au niveau des voies respiratoires, des yeux et des surfaces en contact avec l’extérieur se manifestent, il faut penser à une possible allergie et aller voir un allergologue. Ce spécialiste pourra explorer le terrain allergique et peut aussi parfois trouver des facteurs autres qu’allergiques expliquant les éternuements ou les boutons. En effet, on parle beaucoup de pollution environnementale domestique et l’on recherche donc systématiquement une éventuelle exposition à des aérocontaminants (déodorisants, parfums d’ambiance, huiles essentielles, etc.). Pour en savoir plus sur l’allergie Association Asthme & Allergies : http://asthme-allergies.org

 

Isabelle Eustache, journaliste santé

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