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Apnées du sommeil : ne passez pas à côté

Publié le 17/03/17

En France, une personne sur cinq souffre de troubles du sommeil. Parmi les causes possibles, le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS). Bien qu’assez fréquente, cette pathologie reste mal connue. Eclairage avec le Pr Alain Didier, chef du pôle voies respiratoires au CHU de Toulouse, et le Dr Virginie Bayon, du centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu (Paris).

 

C’est en 2011 que Stéphane, alors âgé de 45 ans, s’est décidé à se rendre dans un centre du sommeil. Outre les difficultés de plus en plus importantes à s’endormir et les ronflements qui gênaient son épouse et finissaient même par le réveiller, il se souvient encore des symptômes de l’apnée du sommeil : « immense fatigue au lever, des réveils nocturnes accompagnés de palpitations et des maux de tête qui ont commencé à apparaître ». Avec l’âge et l’embonpoint venant, « l’impact physique s’est fait de plus en plus pénible et l’hyperactivité qui était ma réponse ne suffisait plus », raconte-t-il. Si Stéphane a pensé assez vite au syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS), nombre de Français souffrant d’insomnie négligent cette piste. « On estime que cette maladie touche 5 % de la population adulte, avec une prévalence plus grande chez les hommes, avance le Dr Virginie Bayon, du centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu (Paris). Or seules 2,4 % de personnes déclarent un SAOS diagnostiqué. »

Des signes et des pathologies associés à l’apnée du sommeil

De quoi s’agit-il ? « Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil se caractérise par des arrêts répétés de la respiration pendant la nuit, qui peuvent durer entre dix secondes et une minute. Ce blocage peut représenter une diminution de plus de 50 % du débit d’air. » A l’origine généralement, un obstacle au niveau de la gorge (voile du palais, grosse langue, recul de la mâchoire, etc.). Quant aux manifestations, elles sont parfaitement identifiées : ronflements, somnolence diurne, troubles de la concentration, besoin d’uriner la nuit et, parfois, maux de tête inexpliqués. Autant de signes qui doivent alerter car les conséquences peuvent être potentiellement graves. « L’apnée du sommeil non traitée présente un risque médical, indique le Pr Alain Didier, chef du pôle voies respiratoires au CHU de Toulouse. Elle peut entraîner des accidents vasculaires cérébraux (AVC), notamment chez des sujets jeunes, des accidents cardiaques, des troubles de la libido et des dépressions. Il faut également mentionner les risques d’accidents de la route dus à la somnolence. » A cet égard, les chiffres sont éloquents : en France, la somnolence est responsable de 18 % des accidents mortels sur autoroute.

S’il n’existe pas de « patient type », certains sujets sont toutefois plus à même d’être concernés que d’autres, en l’occurrence ceux qui souffrent de troubles métaboliques tels qu’une hypertension artérielle réfractaire ou résistante, une surcharge pondérale (et plutôt abdominale) et un diabète. Confirmation avec le Dr Boris Hansel, endocrinologue et nutritionniste à l’hôpital Bichat (Paris) : « On observe que chez les personnes ayant un indice de masse corporelle supérieur à 30 kg/m2, 30 % d’entre elles présentent un syndrome d’apnées obstructives du sommeil. Et au-delà de 40 kg/m2, c’est la grande majorité. C’est pourquoi, nous proposons systématiquement aux patients présentant ce profil-là un dépistage. » Autrement dit, un enregistrement de leur sommeil.

Des traitements appropriés aux apnées du sommeil

« J’ai passé une nuit à l’hôpital, au cours de laquelle j’ai été soumis à une polysomnographie, témoigne Stéphane. Cet examen médical a révélé que je souffrais d’une apnée sévère et qu’il fallait agir vite car il y avait clairement un risque cardiovasculaire. » Indication requise : perte de poids et appareillage pour la nuit. « Contre le syndrome d’apnées obstructives du sommeil, il y a d’abord les petits moyens : un régime, car cette pathologie est souvent associée à un excès de poids, l’arrêt de l’alcool et des somnifères qui aggravent les apnées, précise le Dr Bayon. Si ces options ne suffisent pas, trois types de traitement peuvent être proposés : le port d’un appareil la nuit appelé pression positive continue (PPC), généralement proposé en première intention, le port d’une orthèse d’avancée mandibulaire (OAM) qui, en avançant la mâchoire inférieure, élargit les voies aériennes supérieures ou, dans des cas rares, une intervention chirurgicale.

Après plusieurs essais, Stéphane a opté pour un masque facial qu’il porte toutes les nuits. « Les patients acceptent le plus souvent cette contrainte car ils notent une amélioration dès les premières nuits, note le Pr Alain Didier. Une utilisation de trois à quatre heures par nuit est nécessaire pour enregistrer un net changement. En revanche, dès que les malades apnéiques cessent de porter l’appareil, les difficultés reviennent. »Un bon suivi du traitement est donc capital et d’ailleurs, Stéphane ne renoncerait pour rien au monde à sa machine à PPC : « Le résultat est spectaculaire, je ne ronfle plus, je n’ai plus de palpitations ni de maux de tête. Quand on a connu la différence, on a tout intérêt à la garder. Même ma conjointe se sent bercée par le bruit de l’air qui passe ! » Selon le Pr Alain Didier « Le taux de “désappareillage” n’est que de 10 %. C’est d’autant plus important que le syndrome d’apnées obstructives du sommeil étant étroitement lié à l’obésité, sa prévalence devrait continuer à augmenter si l’on se fie à l’évolution de la courbe du poids dans la population générale.» Et l’appareil n’est même pas encombrant puisque, Stéphane assure qu’ « il est très facile à transporter.

Tant mieux, car selon un arrêté de janvier 2013, les 400 000 à 500 000 malades apnéiques appareillés à domicile toutes les nuits que compte la France aujourd’hui devront bientôt prouver qu’ils utilisent leur appareil au minimum trois heures par nuit pour pouvoir bénéficier d’une prise en charge par l’Assurance maladie du traitement par PPC. A l’ère de la télésurveillance, la machine est décidément l’avenir des apnéiques.

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