Santé mentale des jeunes : l’état d’urgence ?
La santé mentale des 11-24 ans ne cesse de se dégrader. Les explications et les conseils du Pr Florian Ferreri, psychiatre.
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15% des Français seraient affectés par les troubles de l'audition mais aussi, pour 60% d'entre eux, le bruit impacte leur humeur et génère de la fatigue et de la lassitude. Avec ce sondage, la 19e édition de la Journée Nationale de l'Audition 2016, exhorte à une prise de conscience des effets des nuisances sonores sur la santé. Quels sont-ils ?
L'audition, première victime du bruit ambiant
A l'époque de la chasse et de la cueillette, l'homme évoluait dans un environnement calme, ne dépassant pas les 80 décibels (dB). Peu à peu, des sources sonores de plus en plus puissantes ont pollué notre environnement et l'audition humaine en souffre. On ne lui laisse plus le temps de récupérer. Soumis à des pressions constantes, l'appareil auditif subit un état permanent de stress accélérant sa dégradation.
L'enquête menée à l'occasion de la Journée Nationale de l'Audition 2016 met cet état de fait en évidence : la moitié des personnes interrogées se disent agressées par le bruit au travail, dans les transports et à l'école et les deux tiers se sentent plus exposées au bruit qu'auparavant.
Or, à partir de 80-85 dB, le risque de dégradation des cellules ciliées (sensorielles) de l'oreille interne existe et à 110 dB, on s'expose à un traumatisme sonore aigu potentiel. Si la circulation automobile (tondeuse, aspirateur) vrombit autour de 80 dB, les motos rugissent dans les 90 dB, les MP3 diffusent à 100 dB, les concerts et discothèques à 110 dB et les avions au décollage ou les marteaux piqueurs nous agressent à 130-120 dB. Problème : l'oreille répond de façon étonnante au bruit : à chaque fois que le niveau sonore s'élève de "seulement"10 dB, on entend deux fois plus fort ! Ainsi, un son de 100 dB est perçu quatre fois plus fort qu'un son de 80 dB.
Dr Didier Bouccara, médecin ORL, Groupe Hospitalier Pitié Salpêtrière (Paris) : « Pour endommager à vie notre ouïe, il n'y a pas que les sons intenses mais aussi l'accumulation d'expositions sonores d'intensité élevée. La susceptibilité au bruit et à ses dégâts potentiels varie considérablement d'une personne à l'autre. La pression acoustique constante génère un stress auditif entraînant a minima une fatigue et, au fur et à mesure, une usure des cellules sensorielles de l'oreille. Par exemple, pour un niveau sonore de 80 dB pendant une journée de 8h, l'audition est en danger. Des niveaux acoustiques de120-130 dB provoquent une douleur au niveau de l'oreille, par des mécanismes sensitifs liés à la pression acoustique élevée. Le risque d'atteinte auditive partielle mais parfois irréversible, peut apparaître à partir de110 dB (concerts...) mais aussi déjà avec l'utilisation au long cours d'un baladeur poussé à 100 dB ».
Les jeunes font la sourde oreille
Vers une génération de malentendants ? Les jeunes détruisent de façon irréversible leur capital audition, souvent en toute connaissance de cause. Environ 50% des jeunes de 12 à 35 ans des pays à hauts et moyens revenus sont exposés à des niveaux sonores trop élevés (de l'ordre de 85 décibels pendant 8 heures d'affilée et de 100 décibels pendant 15 minutes) avertissait l'Organisation Mondiale de la Santé en 2015. Confirmation : la part des jeunes de 18 à 35 ans ayant un usage fréquent et intensif d'écoute de musique "amplifiée" avec un casque ou des écouteurs a triplé depuis 2007, passant de 4 à 13%, et atteint 25% des 15-19 ans, selon le Baromètre Santé INPES/InVS (janvier 2016).
Selon l'enquête JNA 2016, 38% des 15-17 ans avouent que le bruit les rend euphoriques. S'ils sont presque tous conscients des dégâts potentiels sur leur audition, il ne se sentent pas en danger et seuls 21% des 15-30 ans déclarent s'éloigner des enceintes et 3% utiliser des bouchons d'oreilles à usage unique*. Un paradoxe qui explique que la situation, pourtant critique, évolue peu. Déjà, près de 10% des moins de 25 ans présentent une perte auditive pathologique, avertit l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES).
Fatigue, troubles du sommeil... le bruit et sa kyrielle d'effets nocifs
Les conséquences "extra-auditives" psycho-sociales du bruit ambiant sont multiples. Pour 89% des personnes*, les difficultés d'audition impactent la vie sociale. Un Français sur deux est gêné par le bruit la journée et une personne sur cinq pendant la nuit*. Neuf personnes sur dix se disent exposées tous les jours à un bruit excessif **. Entre 70 et 100dB, les répercussions sur l'être humain existent aussi, le bruit devient fatiguant (70-80dB) puis franchement pénible (90-100dB). Dans l'enquête JNA 2016, 53% des personnes estiment que le bruit crée des maux de tête, 49% qu'il génère souvent de l'anxiété.
Lorsque le son devient bruit, la santé globale de l'individu est en danger (1) :
Les conséquences sur la sphère digestive, les dérèglements endocriniens (obésité) et du système immunitaire sont difficiles à mettre en évidence.
10 commandements contre l'omniprésence sonore
L'omniprésence sonore est ancrée dans les habitudes de vie de l'Homme moderne, au point que les jeunes indiquent même que le bruit est un élément rassurant et que son absence les inquiète ! *
Dr Bouccara : « Il existe peu de possibilités de limiter le bruit lié aux avions, aux transports etc. en dehors de la protection individuelle. Celle- ci peut être améliorée par le port de protections sonores. Préserver l'audition est un problème s'intègre tout à fait dans le cadre des préoccupations des pouvoirs publics vis à vis des effets de l'environnement sur la santé. L'exposition sonore est devenue ces dernières années une préoccupation des urbanistes (murs anti-bruit) et des architectes (agencement des bâtiments et pièces, structures et circulation de l'air, qualité phonique des parois séparatives etc. autre) ».
10 conseils pour préserver son audition au quotidien * :
Pour en savoir plus : www.journee-audition.org
Source : e-santé
Hélène Joubert, journaliste scientifique
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