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Cholestérol : plus besoin d'être à jeun lors des analyses de sang

Certains pays européens ont depuis longtemps abandonné la consigne d'être à jeun pour faire doser les lipides sanguins (cholestérol, triglycérides). Ça n'est pas le cas de la France. Mais la donne vient de changer car des experts internationaux ont comparé la fiabilité de ces tests sanguins, que l'on soit à jeun ou pas. Verdict : celle-ci est identique ! Scientifiquement, l'obligation de jeûne ne tient donc plus la route. Une petite révolution.

Hélène Joubert Journaliste scientifique
Publié le 06/02/18
Temps de lecture 5 min

Analyses du taux de cholestérol : le jeûne n'est pas nécessaire

Toujours la même routine lorsque l'on doit faire doser les lipides du sang : un rendez-vous tôt le matin au laboratoire d'analyses médicales. Pas question de s'accorder un café, même sans sucre. A peine un verre d'eau. Le laboratoire a d'ailleurs bien pris la peine de vous le signifier : il faut venir à jeun, depuis au moins 12 heures.

Mais ce dogme ne tient plus. Depuis de nombreuses années, plusieurs pays européens (pays scandinaves principalement dont le Danemark depuis 2009) n'exigent plus d'être à jeun pour doser le cholestérol et les triglycérides. Afin de valider et d'étendre cette pratique au reste de l'Europe, 21 experts européens ont confronté les résultats obtenus auprès de 300 000 patients au Danemark, au Canada et aux États-Unis. Résultat, que les personnes soient à jeun ou pas, aucune différence biologique ne ressort vis-à-vis des taux de cholestérol et de triglycérides lors des analyses de sang.

Les recommandations de ce groupe d'experts sont les premières au niveau international à affirmer que le jeûne n'est pas indispensable. Elles viennent d'être publiées dans une revue de cardiologie européenne* de premier plan.

Pr Éric Bruckert, chef de service "Endocrinologie, métabolisme et prévention cardiovasculaire", Hôpital Pitié Salpêtrière (Paris) et membre du groupe d'experts de ces nouvelles recommandations : «Des pays comme le Danemark ne réalisent plus depuis longtemps de prise de sang à jeun, alors qu'en France et dans le sud de l'Europe en général, celle-ci est une institution, voire un dogme. Les variations des paramètres lipidiques après le repas sont en réalité extrêmement faibles et, en tous cas, bien moins importantes que ce que pensait la plupart des médecins. Les expériences conduites par le passé montraient des élévations fortes et rapides des triglycérides après des repas. Or ceux-ci étaient surchargés en graisses et sucre afin de visualiser d'éventuelles différences. Cela ne correspondait pas du tout à la réalité d'un petit déjeuner ni même d'un déjeuner ! Une étude danoise sur 90 000 personnes confirme que les variations des niveaux de triglycérides avec ou sans repas sont très minimes et biologiquement non significatives ».

Moins de contraintes, plus de sécurité et de confort !

Ces nouvelles recommandations -validées par la Société européenne d'athérosclérose et la Fédération européenne de chimie clinique et de médecine de laboratoire- stipulent qu'il n'est pas forcément nécessaire de changer les habitudes concernant les analyses de sang. Difficile de les bouleverser si brutalement. Néanmoins, lorsque le fait d'être à jeun pose problème, le laboratoire d'analyses médicales doit accepter de réaliser l'analyse de sang, même si la personne a mangé auparavant.

Pr Éric Bruckert : «Ces recommandations offrent de nouvelles possibilités. Chez toutes les personnes pour qui être à jeun est problématique, il ne faut plus imposer cette pratique.

C'est un constat démontré : la prise de sang "à jeun" est une source d'oubli de médicament ; les personnes qui ont plusieurs médicaments à prendre le matin les oublient lorsqu'elles doivent être à jeun pour faire une analyse de sang. Les personnes diabétiques prennent des médicaments qui font baisser le taux de sucre dans le sang (glycémie). Or, leur imposer d'être à jeun est dangereux car source potentielle d'hypoglycémie par manque de sucre. Enfin, le risque de malaises en cas de prise de sang existe. Celui-ci est nettement moindre lorsqu'on a mangé, ne serait-ce qu'un peu.

Etre à jeun pour doser son cholestérol n'est plus une obligation. Cette information doit être diffusée et les habitudes changer progressivement.

Cette levée de la contrainte des analyses du cholestérol à jeun va en réjouir plus d'un, et notamment ceux qui travaillent. Les experts souhaitent ainsi faciliter l'observance des analyses de sang, souvent reportées du fait de la contrainte du jeûne. Cette simplification du dosage du cholestérol devrait aussi améliorer le suivi (observance) du traitement des personnes traitées en prévention d'infarctus du myocarde et d'accident vasculaire cérébral.

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Pas d'impact sur l'appréciation du risque cardiovasculaire

Pour dresser un bilan lipidique, on dose dans le sang le cholestérol total, les triglycérides et le HDL cholestérol (le "bon cholestérol").

C'est à partir de ces trois dosages que le LDL cholestérol (le "mauvais cholestérol ») est calculé. Le risque d'athérosclérose est d'autant plus fort que le LDL-cholestérol est élevé (≥1,6 g/L). A l'inverse, plus le taux de HDL-cholestérol est important, plus le risque d'athérosclérose est faible : un HDL ≥ 0,6 g/L est protecteur sur le plan vasculaire. Puisque les variations minimes des dosages, à jeun ou pas, sont quasi inexistantes, ces taux restent valables pour définir le risque cardiovasculaire de chacun.

Dans l'idéal, tout adulte de plus de 18 ans devrait connaître son taux de cholestérol. S'il est normal, un contrôle tous les cinq ans suffit. Par contre, en cas de prise de poids importante ou d'apparition d'un diabète (souvent associés à une augmentation du cholestérol), un dosage plus fréquent est judicieux.

Source : e-santé

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