Santé mentale des jeunes : l’état d’urgence ?
La santé mentale des 11-24 ans ne cesse de se dégrader. Les explications et les conseils du Pr Florian Ferreri, psychiatre.
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À 3 ans, les premiers pas se font sur Internet. À 10 ans, un enfant sur quatre a déjà un compte sur un réseau social. Images ou informations choquantes, harcèlement, vol d’identité : Internet recèle pourtant de multiples dangers pour les plus jeunes. Quelles précautions prendre ?
En moyenne, les 13-19 ans passent plus de quinze heures par semaine sur Internet, contre six heures dix pour les 7-12 ans et plus de quatre heures et demie pour les 1-6 ans. Une consommation qui a doublé par rapport à 2012, comme le montre l’étude Junior’s connect menée par l’Institut Ipsos en 2017.
Dans nombre de foyers, on laisse les enfants surfer sur la Toile en toute confiance. Virginie Sassoon, responsable du pôle formation au sein du Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (Clemi), incite pourtant à la prudence. « Il faut déconstruire ce mythe de l’enfant numérique censé tout maîtriser, pointe-t-elle. Les jeunes, aujourd’hui, connaissent bien les usages d’Internet, mais ils adoptent encore trop souvent des comportements susceptibles de les mettre en danger. » Dans son guide publié début 2017(1), le Clemi insiste notamment sur la nécessité d’évoquer ces usages en famille. « Contrôler l’activité de son enfant sur Internet, ce n’est pas l’espionner. C’est surtout l’interroger sur son mode de consommation pour l’aider ou l’orienter. Cela diminue le risque de faire de mauvaises rencontres ou de tomber sur des contenus choquants selon son âge. »
Premier réflexe : apprendre à son enfant à reconnaître les informations fiables, à faire la différence entre un contenu journalistique et une publicité cachée, pour éviter les sites mensongers ou manipulateurs. Un filtre de contrôle parental peut être installé sur chaque ordinateur pour limiter l’exposition à des images violentes. Hélas, celui-ci n’est pas infaillible. « La meilleure solution demeure donc de parler régulièrement avec son enfant de ce qu’il peut avoir vu ou lu », souligne Virginie Sassoon. Petit coup de pouce en ce sens : l’outil Décodex (www.lemonde.fr/verification), lancé par le quotidien Le Monde, qui répertorie plus de 600 sites véhiculant une information fausse ou trompeuse. Autre volet incontournable de cette nouvelle vie « hyperconnectée » : les réseaux sociaux. Facebook, Snapchat, YouTube… ces formidables outils de dialogue pour les jeunes sont aussi des capteurs d’informations personnelles qui laissent une trace indélébile sur Internet. Pour rendre vos avertissements plus concrets, et donc plus faciles à intégrer, le serious game Data Dealer (https://datadealer.com), malheureusement uniquement disponible en anglais ou en allemand, peut être une manière ludique et efficace de sensibiliser les enfants au commerce des données personnelles par le jeu.
Être parent à l’ère du numérique implique de gérer le temps dédié aux écrans. À cet effet, respectez simplement la règle du 3/6/9 énoncée par le psychiatre Serge Tisseron : pas de télévision avant 3 ans, pas de jeux numériques avant 6 ans et pas d’Internet avant 9 ans. À bannir également, les écrans le matin, pendant les repas, avant de dormir et dans la chambre à coucher. Avec des ados, il suffit de couper purement et simplement le Wi-Fi après 23 heures. Cela suppose aussi de s’intéresser soi-même à ce média, pour mieux mesurer les dangers auxquels son enfant est exposé. « L’aider dans ses recherches, le conseiller dans son usage des réseaux sociaux, c’est une bonne manière de rester connecté et vigilant par rapport à ce qu’il vit », conclut Virginie Sassoon. Enfin, n’oubliez pas : visionner un documentaire éducatif en famille, demandé à son enfant de trouver sur le web une certaine technique de rangement ou une recette de cuisine, c’est aussi retrouver le plaisir d’être en famille autour d’Internet et exploiter ses aspects positifs sans tout diaboliser !
Julie, 39 ans, maman de Félix, 7 ans, et Billie, 6 ans
« Malgré l’activation du contrôle parental, une publicité ou une image choquante pour leurs yeux peut surgir à tout moment. De ce fait, nous ne laissons jamais nos enfants utiliser l’ordinateur seuls : s’ils posent une question, nous visionnons ensemble une vidéo sur YouTube, type documentaire, pour y répondre. Les films sont vus en famille, téléchargés au préalable sur la tablette. Par ailleurs, nous n’autorisons pas la publication de photos d’eux sur le web. »
Bénédicte, 53 ans, maman de Maxime, 15 ans, et Alix, 14 ans
« Des cas de harcèlement et de vol d’identité ont déjà eu lieu chez des amis de mes enfants : c’est pourquoi je suis constamment en alerte par rapport à ce qu’ils publient sur Snapchat, Instagram, WhatsApp… Notamment pour mon fils, qui adore réaliser des vidéos. Nous avons installé des filtres sur leurs téléphones et ceux-ci sont interdits après 21 heures. Nous essayons également de développer d’autres centres d’intérêt (sport, lecture, jeux de société en famille), pour qu’ils ne passent pas tout leur temps sur l’ordinateur. »
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