Santé mentale des jeunes : l’état d’urgence ?
La santé mentale des 11-24 ans ne cesse de se dégrader. Les explications et les conseils du Pr Florian Ferreri, psychiatre.
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La dépression touche environ 3 millions de personnes chaque année en France. La prise en charge médicale repose généralement sur la prescription d’antidépresseurs. Nécessaire quand les troubles sont sévères, la phytothérapie peut être une alternative efficace dans les dépressions plus légères. L’alimentation aussi compte.
Les caractéristiques de la dépression
L’Organisation mondiale de la santé (Oms) estime que la dépression est l’un des troubles les plus fréquents. Toutes les tranches d’âge sont concernées selon l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), avec un pic chez les 20-34 ans. Une dépression se caractérise par plusieurs symptômes : tristesse, perte d’intérêt et de plaisir pour les activités quotidiennes, troubles du sommeil et de l’appétit, fatigue dès le réveil, ralentissement psychomoteur, culpabilité et dévalorisation, difficultés de concentration, idées noires. Un patient est considéré dépressif s’il cumule cinq de ces symptômes tous les jours depuis au moins deux semaines. L’hérédité, le stress, l’anxiété... sont des facteurs de risques.
Les antidépresseurs pas toujours efficaces
Les antidépresseurs sont depuis longtemps les médicaments de référence pour traiter la dépression. Il le reste dans les cas les plus graves mais pas forcément dans les autres. Ni pour prévenir les rechutes contre lesquelles la méditation pleine conscience a fait ses preuves. « Les antidépresseurs sont testés sur des dépressions sévères où leur action est incontestable, elle est plus discutable pour traiter les dépressions modérées et légères. Comme le cancer, la dépression n’est pas une entité unique mais une maladie multiple », explique le psychiatre Patrick Lemoine. Par ailleurs, les effets de ces médicaments sont plus probants lorsqu’ils sont associés à une psychothérapie. Et « la facilité qui consiste à prescrire une molécule souvent choisie au petit bonheur la chance a fait négliger d’autres approches comme la phytothérapie », précise le médecin.
Des plantes pour réguler et apaiser l’humeur
Le millepertuis est la plante la plus connue pour soulager les troubles de l’humeur et l’anxiété. Différentes études ont montré qu’il contient une dizaine de principes actifs aussi efficaces qu’un antidépresseur classique. L’Oms a reconnu son intérêt dans le traitement des dépressions légères. « Nous pouvons orienter vers différentes plantes parmi lesquelles le mucuna pour un déficit en dopamine, le griffonia pour un déficit en sérotonine, le safran et le curcuma pour leur action anti-inflammatoires cérébrales », indique le Dr Marc Beck, généraliste et phytothérapeute. L’action du griffonia, par exemple, passe par sa richesse en HydroxyTryptoPhane (5-HTP), un acide aminé que l’organisme transforme en sérotonine, un neurotransmetteur (substance qui permet l’influx nerveux entre les neurones) souvent déficitaire dans la dépression.
Plantes contre la dépression : mieux vaut prendre l’avis d’un spécialiste
Autre plante intéressante : la rhodiole dont les propriétés stimulantes sont reconnues en médecine traditionnelle chinoise et qui pourrait favoriser la résistance au stress. Des études suggèrent que le safran aurait des vertus antioxydantes, sérotoninergiques et neuroprotectrices. La valériane aux propriétés apaisantes, ou encore le magnésium qui aide au bon fonctionnement du système nerveux, peuvent être également recommandés. Mais attention : les plantes ne sont pas anodines ! Elles peuvent parfois diminuer l’effet de certains médicaments (anticoagulants, etc.). Il ne faut donc pas les prendre à la légère et consulter un phytothérapeute pour la prescription d’un traitement adapté et un suivi, fondamental pour évaluer l’amélioration ou pas de l’état de la maladie.
Oméga 3, magnésium... Il faut soigner son assiette !
Certains aliments aident à contrer la dépression. A commencer par les omégas 3, des acides gras polyinsaturés essentiels au cerveau dont l’utilité dans la prévention des troubles dépressifs et de la mémoire est documentée. Les poissons gras (sardine, maquereau, hareng, truite fumée...) et les huiles de colza ou de noix en contiennent beaucoup. En cas de stress chronique, il est important de faire le plein de magnésium dont les légumes à feuilles vertes (épinards, etc.), quelques légumineuses (pois, haricots), certaines eaux minérales, le chocolat noir et les oléagineux (amandes, noix, noisettes...) recèlent. Le cerveau a besoin d’acides aminés, notamment la tyrosine et le tryptophane : le premier (à privilégier surtout le matin) est dans les ?ufs, certains fromages (emmental, gruyère, parmesan), les céréales complètes, les bananes, etc. ; le second (à privilégier plutôt le soir) est dans le poulet, les noix de cajou, le riz complet, l’avocat, etc. Les vitamines du groupe B agissent également sur le système nerveux : il y en a dans les légumes verts et secs (lentilles, etc.), le foie, les fruits de mer, les germes de blé... Sans oublier l’intestin, notre deuxième cerveau. La dépression entraine une modification du microbiote qui permet à certaines bactéries de passer à travers la muqueuse intestinale et de causer une inflammation cérébrale, ce qui a conduit à préconiser la consommation de prébiotiques (fruits, légumes...) et de probiotiques (laits fermentés, yaourts...) pour renforcer son étanchéité.
Marion Garteiser, journaliste santé
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