Santé mentale des jeunes : l’état d’urgence ?
La santé mentale des 11-24 ans ne cesse de se dégrader. Les explications et les conseils du Pr Florian Ferreri, psychiatre.
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Il est recommandé d’avoir une alimentation équilibrée et de faire du sport. Mais quand ces bonnes habitudes deviennent des obsessions, elles peuvent avoir des conséquences dangereuses.
Sur instagram, certaines « influenceuses » - surtout des femmes - défendent la fitspiration. Elles partagent avec leur communauté les menus de leurs semaines et leur rythme d’entraînement sportif. Car la fitspiration est définie comme un mode de vie, prônant à la fois la healthy food, un anglicisme pouvant se traduire par la nourriture bonne pour la santé, et la pratique d’une activité physique régulière. A priori, rien de dangereux. Mais cette tendance, fondée sur le culte du corps, est parfois suivie de façon obsessionnelle par ses adeptes. C’est notamment le cas de certaines jeunes filles, qui idéalisent plus facilement ces femmes qui s’affichent comme des modèles sur les réseaux sociaux. « Il faut manger de tout et n’abuser de rien, la vie c’est un équilibre et quand on est dans l’excès de l’équilibre, ce n’est pas bon non plus, assure Bertrand Legrand, médecin généraliste. Rien ne doit être obsession, on peut toujours faire un excès du moment qu’il ne devient pas une habitude. »
Cette tendance à surveiller son alimentation, de façon parfois déraisonnable, est jugée dangereuse par certains médecins. Ils y voient un risque de troubles du comportement alimentaire (TCA), comme l’orthorexie. Les personnes qui en sont atteintes contrôlent de façon drastique la qualité et la provenance de chaque produit consommé, anticipent chaque repas, traquent les valeurs nutritionnelles. « C’est souvent fondé sur des théories négatives abusives et injustifiées, explique Maia Baudelaire, nutritionniste. Comme, par exemple, s’interdire de manger du riz blanc qui serait moins bon que du riz complet. » Cette volonté de maîtrise totale peut même aboutir, dans de rares cas, à une malnutrition ou un isolement social.
Côté sport, l’obsession n’est pas bonne non plus. Le rythme d’entraînement doit être établi avec plaisir et envie pour qu’il dure et soit bénéfique. « Il faut s’éloigner des réseaux sociaux qui prônent le culte des corps parfaits et musclés avec une pratique du sport abusive tous les jours », développe Maia Baudelaire. Il peut y avoir un risque de surentraînement qui est lié, dans le cas de TCA comme l’anorexie, à une volonté de perdre du poids. Ici, l’activité sportive n’est plus saine, elle devient maladive. « A force d’être dans le contrôle de tout, l’alimentation n’est souvent plus adaptée au rythme d’activité physique, poursuit la nutritionniste. Le danger est de ne plus avoir suffisamment d'énergie et de se blesser. »
Pour ne pas tomber dans ces travers, la clé est de garder une alimentation saine, variée et équilibrée, sans excès mais sans privation non plus. Le but est de conserver le plaisir de manger et de faire du sport. « Lorsqu’on commence à s’interroger sur son alimentation, il faut consulter un nutritionniste pour éviter les erreurs et faire le point sur les « on dit », » conclut Maia Baudelaire. Avec lui, vous apprendrez la notion d’équilibre alimentaire, corrigerez ce qui ne va pas et mettrez en place un plan alimentaire adapté aux besoins. » Une façon d’arriver aux mêmes résultats qu’avec la fitspiration, sans aucun risque pour l’organisme et le mental. Avec, en plus, un soutien humain encourageant et motivant !
Léa Casian
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