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Fièvre chez l’enfant : ce que font les parents, ce que conseillent les pédiatres

Publié le 06/02/18

Thermophobie. Derrière ce mot se cache la peur panique de la fièvre, vécue par de nombreux parents et à mettre sur le compte d’un manque de connaissances sur la bonne attitude à adopter. Une étude confirme pourtant que leur comportement vis-à-vis de leur enfant fiévreux s’améliore. « Observez, agissez surveillez », les trois commandements aux parents en cas de fièvre.

 



Fièvre : l’écart entre croyances et les bonnes pratiques s’amenuise

Entre la naissance et l’âge de un an, les enfants subissent en moyenne une dizaine d’épisodes fiévreux. De nombreux parents sont démunis devant leur enfant fébrile. D’ailleurs, 30% des consultations aux urgences ont la fièvre comme symptôme, que celle-ci soit l’unique manifestation de la maladie infectieuse ou non. Point positif, les connaissances concernant les traitements s’améliorent, même si la marge de progression reste importante. Par exemple, le principe de traitement par monothérapie de paracétamol était connu par 30% des parents en 2012 contre 20% en 2006 (1). Autre chiffre, 98,5% des parents citaient le paracétamol comme l’antipyrétique (molécule qui fait baisser la fièvre) de référence en 2012. L’intérêt de découvrir l’enfant en cas de fièvre gagnerait cependant à être plus répandu, pratiqué par 72% des parents. Une récente étude française présentée aux Journées parisiennes de pédiatrie conduite auprès de 351 parents a exploré leurs habitudes en cas de fièvre de leur enfant (2), dont voici les principaux résultats. Dr François Angoulvant, pédiatre, Service d’Accueil des Urgences Pédiatriques (Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris), l’un des co-auteurs de l’étude : « Notre étude montre que les méthodes physiques en cas de fièvre sont plutôt connues : en ville, 88% des parents font boire l’enfant, 82% le découvrent. Cependant, seuls 7% aèrent la pièce. L’immense majorité des parents utilise le paracétamol mais 18% emploient aussi l’anti-inflammatoire ibuprofène, ce qui n’est pas conseillé. En pratique, 41% des parents s’inquiéteraient à propos d’un enfant avec 40°C de fièvre qui joue et court, alors que son comportement est complètement rassurant. Cela illustre que le simple constat d’une fièvre chez un enfant motive le recours aux Urgences pour plus de la moitié des parents, sans réelle raison médicale. La thermophobie persiste. »

Fièvre : les signes rassurants

La fièvre est définie par une température corporelle supérieure à 38°C. Ca n’est pas une maladie mais un mécanisme naturel de défense de l’organisme (une réaction immunitaire). Et si l’on prend un médicament en cas de fièvre, c’est exclusivement pour le confort de l’enfant et non pas dans l’objectif de faire baisser la fièvre : le confort de l’enfant importe plus que le degré de la fièvre elle-même ! Ce qui doit rassurer : si un enfant est confortable, s’il se comporte et joue comme d’habitude, s’il s’alimente normalement, se précipiter chez le médecin n’a pas de sens, même si la fièvre est élevée, aux alentours de 40°C. La bonne attitude est de veiller à ce qu’il soit confortable. A noter, l’anti-inflammatoire ibuprofène n’est pas conseillé en première intention sauf cas particulier tel qu’une contre-indication au paracétamol. Il en est de même pour le kétoprofène chez l’enfant de plus de 6 mois. Les anti-inflammatoires (AINS) sont à éviter en cas de varicelle et avec prudence en cas d’infection bactérienne. L’aspirine (acide acétylsalicylique) n’est pas recommandée chez l’enfant en cas de fièvre.

Fièvre : les signes de gravité

Trois cas de figure doivent inquiéter en cas de fièvre et faire consulter son médecin traitant ou son pédiatre :

  • Un enfant dont le comportement est anormal, qui refuse de jouer ou de s’alimenter, reste prostré, ne réagit à aucune stimulation, se plaint de maux de tête, manifeste une détresse respiratoire (respiration rapide et saccadée), est pâle ou cyanosé (pourtour de la bouche et extrémités bleutées), a un état de conscience altéré, émet de faibles cris ou des grognements ? doit faire consulter en urgence son médecin traitant, y compris si la fièvre n’est que de 38,5°C.
  • De plus, une raideur de la nuque ou une éruption cutanée de type purpura doivent faire consulter les urgences hospitalières. Cette dernière correspond à des taches rouges ou violacées sous la peau dues à des hémorragies. Le test à la vitropression est utile. Il consiste à appuyer sur une lésion de la peau avec une lame de verre transparente afin de chasser le sang des vaisseaux de la zone comprimée. Si les lésions ne disparaissent pas, c’est bien un purpura (sortie des globules rouges hors des vaisseaux).Dans ce cas, il peut s’agir d’une infection bactérienne appelée Purpura fulminans pour la forme la plus sévère et peut être associée à une méningite.
  • Enfin, certains enfants de par leur âge, c’est-à-dire moins de trois mois, sont davantage exposés à des infections potentiellement graves. Ils doivent être vus rapidement par un médecin quel que soit le niveau de fièvre ou leur comportement. Cette conduite à tenir est identique avec les enfants souffrant de maladies chroniques les exposant aux infections sévères.

Dr François Angoulvant : « Parmi les idées reçues qui ont la vie dure, celle que la fièvre entraîne des lésions céréales. C’est absolument faux ! Couvrir l’enfant est contre-productif et lui donner un bain est inutile. De plus, il ne faut pas hésiter à donner du paracétamol à son enfant si celui-ci n’est pas confortable. L’en priver avant le rendez-vous médical est inutile : que l’enfant soit sous paracétamol n’empêchera pas le soignant de poser un diagnostic. Enfin, certains parents pensent que sans paracétamol, la fièvre va grimper sans limite. Ce n’est absolument pas fondé ».

Parents : Observez, agissez, surveillez !

Les trois bonnes attitudes en cas de fièvre de l’enfant ont été identifiées par l’association Courlygones , réunissant des professionnels de santé, des spécialistes de la petite enfance et des parents : Observez : Un enfant « inconfortable » est rouge, n’est pas en forme, semble chaud. Prenez sa température par voie rectale, c’est le premier des réflexes. Agissez : Déshabillez-le, proposez-lui souvent à boire et alimentez-le normalement. Donnez-lui uniquement du paracétamol en sirop, poudre ou suppositoire :15mg/kg de poids corporel toutes les six heures, avec un délai minimal de quatre heures entre deux prises. Surveillez : S’il se comporte comme d’habitude, poursuivez le paracétamol et surveillez-le pendant 48h. Il faut appeler le médecin si la fièvre persiste au-delà de ce délai et si son comportement devient inhabituel ou si l’aspect de sa peau change.

 

Hélène Joubert, journaliste scientifique

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