Santé mentale des jeunes : l’état d’urgence ?
La santé mentale des 11-24 ans ne cesse de se dégrader. Les explications et les conseils du Pr Florian Ferreri, psychiatre.
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Comme chaque année, le 15 octobre a marqué le top départ de la campagne nationale de vaccination antigrippale. "Cette année encore, la grippe va faire très mal" ; un message de Santé publique France qui se veut tout aussi offensif que la grippe et vise surtout à sensibiliser les personnes vulnérables à l’importance de la vaccination, à peine une sur deux étant vaccinée.
L’épidémie de grippe 2018-2019 a été caractérisée par une importante sévérité, malgré sa courte durée, liée à la co-circulation des virus A(H3N2) et A(H1N1)pdm09 dans un contexte de couverture vaccinale insuffisante et d’efficacité vaccinale variable selon les virus*. Son impact important sur les hospitalisations et la mortalité rappelle la gravité de la maladie et l’intérêt de la prévention, à savoir la vaccination chez les personnes à risque, complétée de mesures barrières afin de limiter la diffusion du virus dans l’entourage des cas.
A force de messages de prévention, pour la première fois depuis une dizaine d’années, le taux de vaccination contre la grippe a progressé en France lors de l’hiver dernier. Cependant, moins d’une personne fragile sur deux est vaccinée, estime Santé publique France : 46,8 % des personnes vulnérables ciblées par la vaccination antigrippale l’étaient, ce qui a contribué en partie à la sévérité de l’épidémie 2018-2019.
Les personnes devant être impérativement vaccinées ne sont pas toutes en affection de longue durée (ALD) donc pas toutes concernés par la campagne de vaccination gratuite de l’Assurance maladie. La mortalité due à la grippe saisonnière concerne essentiellement les sujets vulnérables : les personnes âgées de plus de 65 ans et les personnes ayant des facteurs de risques, obèses ou atteintes de certaines maladies chroniques (maladies coronaires, antécédents d’accident vasculaire cérébral, pathologies respiratoires et hépatiques), les personnes immunodéprimées, les femmes enceintes et les nourrissons de moins de six mois à risque (prématurés, etc.). Ces personnes en particulier ont un risque accru d’infections pulmonaires bactériennes graves (pneumonie), d’aggravation d’une maladie chronique existante (diabète, bronchopneumopathie chronique obstructive- BPCO, insuffisance cardiaque, etc.), d’hospitalisation et de décès. Les professionnels de santé doivent aussi se faire vacciner, surtout pour ne pas contaminer leurs patients fragiles.
Chez l’adulte jeune, le vaccin permet d’éviter une grippe sur deux. Et ceux qui sont infectés n’ont qu’une grippe atténuée. Cependant, chez les seniors, le phénomène de vieillissement du système immunitaire (« immunosénescence ») limite l’efficacité vaccinale, notamment vis-à-vis de la mortalité liée au virus grippal. « Au-delà de 65 ans, l’efficacité du vaccin antigrippal est de 20 à 25 % inférieure à celle observée chez les moins de 65 ans, précise le Pr Bruno Lina, virologue et directeur du Laboratoire de Virologie Pathologie Humaine de Lyon. Chez les seniors, elle oscille donc autour de 35-40 %, chutant progressivement avec l’âge. D’où l’intérêt de vacciner contre la grippe les personnes au contact de ces seniors fragiles et en premier lieu les soignants et l’entourage, pour créer une sorte de cocon de protection. »
Chaque année, la composition du vaccin varie en fonction des souches virales susceptibles de circuler pendant l’hiver. Les quatre souches vaccinales de cette années (A/Brisbane/02/2018 (H1N1)pdm09-like virus; A/Kansas/14/2017 (H3N2)-like virus ; B/Colorado/06/2017-like virus ; et B/Phuket/3073/2013-like virus), dont deux souches (A/Brisbane/02/2018 (H1N1)pdm09 et A/Kansas/14/2017 (H3N2) varient par rapport à celles du vaccin de l’an passé. Les virus H3N2 étant faiblement immunogènes avec la dose incluse dans le vaccin, c’est-à-dire qu’ils n’induisent pas une protection très forte laquelle peut être rattrapée par le vaccin dit « à haute dose », non disponible encore en France (probablement l’hiver prochain) mais déjà aux Etats-Unis. Il booste de 25 à 30 % l’efficacité du vaccin chez les seniors.
Au total, selon les autorités de santé, l’hiver dernier, 8 117 décès ont été imputés à la grippe au cours de l’épidémie 2018-2019, dont 84 % sont survenus chez des personnes âgées de 75 ans et plus.
Beaucoup auraient pu être évités, toujours selon les autorités officielles en santé, (2 000 à 4 000 décès) si toutes les personnes à risque avaient été vaccinées.
Une question à laquelle on n’a pas encore de réponse. L’une des hypothèses est la suivante : lorsque les souches varient peu ou pas d’une année sur l’autre, on reste protégé malgré tout. Ceci même si on constate l’absence d’anticorps détectables 18 mois après l’administration du vaccin. Cependant, des études font ressortir au contraire une baisse de la protection en revaccinant, ce qui est incompréhensible. En réalité, cela dépendrait des hivers. En attendant une réponse formelle, mieux vaut se faire vacciner chaque année.
Le système immunitaire réagit en quinze jours, il faut donc compter deux semaines pour être protégé.
Le médecin traitant, le médecin du travail, les infirmiers, les sages-femmes, les centres de Protection maternelle et infantile pour les enfants et, depuis cet automne 2019, les pharmaciens. Cela concerne pour l’instant les personnes à risque mais l’extension à l’ensemble de la population serait la prochaine étape.
La vaccination doit être impérativement réalisée en milieu hospitalier en cas d’antécédents de réaction allergique sévère à l’ovalbumine (1 personne sur 1 million) ou à une vaccination antérieure, ce qui expose à un risque de choc anaphylactique. De plus, toute personne doit éviter ce vaccin si elle est allergique à certains antibiotiques (aminosides) et au latex, car le vaccin en contient généralement.
Avec les années, la bonne tolérance du vaccin est établie. Une douleur au point d’injection, des symptômes d’allure grippale (fièvre, nausée, douleurs musculaires) peuvent apparaître (un risque sur deux chez les enfants d’avoir un fébricule, ou petite fièvre) et durer jusqu’à deux jours. Au-delà, il faut consulter. « Le syndrome de Guillain-Barré (SGB) ou polyradiculonévrite aiguë inflammatoire, est une maladie auto-immune qui provoque une atteinte des nerfs périphériques et une paralysie, explique le Pr Bruno Lina. Le vaccin peut le provoquer, mais la grippe elle-même peut être à l’origine d’un SGB. Il y a beaucoup plus de cas de SGB liés à la grippe que liés au vaccin. »
Si vous faites partie des personnes à risque, votre caisse d'Assurance maladie vous envoie une invitation et un bon de prise en charge gratuite. Si vous avez été oublié, parlez-en à votre médecin, à votre sage-femme (pour les femmes enceintes et l’entourage du nourrisson) ou à votre pharmacien, qui vous délivreront un bon de prise en charge.
En revanche, les personnes ne faisant pas partie des populations à risque ne seront pas remboursées par l’Assurance maladie (coût de 10,80 euros), mais éventuellement par leur mutuelle.
L’âge de la première vaccination a toute son importance : l’idée est de vacciner tôt, avant que le système immunitaire ne soit trop peu réactif et que l’efficacité du vaccin s’en trouve encore plus amoindrie. « Le fait de restimuler chaque année à partir d’une réponse vaccinale correcte induirait la production d’anticorps à haute affinité et à haute capacité en mesure de mieux protéger des complications infectieuses », ajoute le Pr Lina. Cette hypothèse immunologique élaborée à partir d’études chez l’animal soutient l’actuelle stratégie de revaccination.
Les pays qui ont lancé des programmes de vaccination chez les enfants (Finlande, Grande-Bretagne, pays d’Amérique du Nord, etc.) ont diminué de façon considérable le nombres de cas de grippe chez les plus de 65 ans et la mortalité qui lui est liée ainsi que la taille des épidémies. Les épidémies de grippe débutent toutes avec les cas pédiatriques avant de se diffuser à l’ensemble de la population. Car les enfants sont un réservoir du virus parmi les plus importants et ils sont encore plus contagieux que les adultes. Les vacciner, c’est en quelque sorte prendre le mal à la racine. Une délicate décision de santé publique pour une vaccination altruiste.
A noter : Les mesures de prévention primaire (toilette des mains, port d’un masque), sont aussi importantes que la vaccination notamment pour les personnes en contact avec des sujets à risque.
* 21 octobre 2019 | BEH 28
Hélène Joubert, journaliste, avec le Pr Bruno Lina, virologue et directeur du Laboratoire de Virologie Pathologie Humaine de Lyon.
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