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La modification génétique, un danger pour l’Homme ?

La modification génétique de l’Homme est désormais réalisable. Mais, cette prouesse suscite de vives inquiétudes au sein de la communauté scientifique, notamment d’un point de vue éthique.

Léa Casian
Publié le 24/11/21
Temps de lecture 6 min

Elle est connue sous le nom de Crispr-Cas9 dans le langage scientifique. Cette technique, aussi appelé “ciseaux moléculaires”, consiste à “couper/coller” facilement et rapidement l’ADN de n’importe quelle cellule. L’ADN représente la molécule support de l'information génétique héréditaire, comme la couleur des yeux ou des cheveux. Elle prend la forme d’un long brin entremêlé, comme le chiffre 8 à l’horizontal, en continu.

A l’intérieur, tous les gènes sont présents, codés par différentes lettres. Pour modifier génétiquement un organisme vivant - un humain, un animal ou encore des fruits et légumes - les scientifiques utilisent Crispr-Cas9. Cette enzyme a aussi la forme d’un brin - différent de l’ADN - qui représente une vague en continu. Crispr-Cas9 s’insère dans l’ADN et le coupe autour du gène visé.

L’ADN se régénère automatiquement, avec le gène modifié par Crispr-Cas9. Autrement dit, cela permet d’enlever des parties indésirables afin de les remplacer par de nouveaux morceaux d’ADN. Cette technique a été inventée en 2012 par deux chercheuses, la Française Emmanuelle Charpentier et l'Américaine Jennifer Doudna.

Des expériences sur des animaux en laboratoire

Grâce à Crispr-Cas9, les chercheurs ont déjà réalisé de nombreuses avancées. En 2014, deux expériences ont été particulièrement prometteuses. Tout d’abord, sur des souris atteintes de tyrosinémie. Cette maladie génétique incurable du foie est due à une mutation du gène qui dégrade l’acide aminé “tyrosine”. Crispr-Cas9 remplace ce gène déficient par sa forme saine dans les cellules du foie.

Au bout d’un mois, les souris n’avaient plus besoin de traitement. Un peu plus tard la même année, des chercheurs de l’Université du Texas s’attaquent à la myopathie de Duchenne, une dégénérescence musculaire inguérissable due à une mutation génétique. Toujours grâce à Crispr-Cas9, ils modifient cette mutation du gène à l’origine de la maladie au sein même des embryons. Ceux-ci sont ensuite réimplantés dans des mères porteuses. L’expérience a fonctionné pour certains bébés souris : leurs muscles étaient normaux.

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Crispr-Cas9 utilisé pour modifier l’humain

Plusieurs pays, dont la France, ont signé la convention pour la protection des droits de l’Homme et de la dignité de l’être humain en rapport avec les applications de la biologie et de la médecine. Les modifications du patrimoine génétique de l’espèce humaine y sont interdites car elles pourraient avoir des conséquences sur les cellules des générations futures. La communauté scientifique a aussi manifesté de vives inquiétudes. Dans un texte publié dans la revue Science et Nature, des chercheurs américains mettent en garde contre la manipulation génétique que permet Crispr-Cas9.

Une modification génétique sur un humain aurait des conséquences sur toute sa descendance. De plus, des dérives pourraient avoir lieu pour améliorer l’espèce, acte incompatible avec l’éthique scientifique. Malgré ces avertissements, les premiers bébés génétiquement modifiés sont nés en novembre dernier, en Chine. Les embryons de ces jumelles auraient été modifiés par Crispr-Cas9 afin de les protéger contre le virus du sida. Une amélioration pour l’Homme en apparence, aux conséquences futures inconnues.

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