Santé mentale des jeunes : l’état d’urgence ?
La santé mentale des 11-24 ans ne cesse de se dégrader. Les explications et les conseils du Pr Florian Ferreri, psychiatre.
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Il est temps de partir respirer l'air pur et de se mettre au vert car la pollution est néfaste pour notre cerveau. De plus en plus d'études attestent des effets de différents polluants sur le déclin cognitif, le QI et les troubles du comportement des enfants.
« On connait le lien entre la pollution et les maladies respiratoires et cardiovasculaires mais ce que l'on sait moins, c'est qu'elle altère aussi le cerveau. Le nombre de publications scientifiques sur ce sujet augmente chaque jour davantage », affirme le Dr Véronique Narboni, vice-présidente de Sustainable Brain Health Institute. Cette association, créée l'année dernière et située à Bruxelles, s'est donnée comme objectif de sensibiliser le grand public européen sur la nécessité de protéger nos neurones. « Le cerveau est un organe clé, il faut prendre soin de lui tout au long de notre vie et pas seulement quand on commence à perdre la mémoire, souligne-t-elle. D'autant que l'espérance de vie s'accroit et qu'il est donc exposé plus longtemps à de nombreux polluants ».
Aux États-Unis, une étude, réalisée dans la région de Boston sur des seniors, montre une baisse des performances cognitives chez les plus exposés aux particules fines émises par les gaz d'échappement des voitures. Une étude suédoise note également que les riverains de zones d'intense trafic routier ont 40% de risques supplémentaires de déclarer une démence de type Alzheimer. Selon toute hypothèse, la pollution pourrait provoquer une réaction inflammatoire. Des chercheurs ont, en effet trouvé, des traces d'inflammation sur l'hippocampe de souris soumises à un air pollué qui présentaient, par ailleurs, des troubles de la mémoire et des signes anxiodépressifs. Les particules fines pourraient aussi accélérer le vieillissement du cerveau en réduisant sa substance blanche. Autre nouvelle inquiétante : une vaste étude* vient de révéler que la pollution de l'air est responsable de 10,2% des AVC dans les pays développés et 33% dans les pays pauvres.
D'autres polluants s'attaquent à notre matière grise. C'est le cas des substances chimiques dont certaines peuvent être très toxiques pour le cerveau. En 2009, l'Inserm a reconnu que « l'exposition aux pesticides double le risque de maladie de Parkinson chez les agriculteurs ». La maladie figure désormais sur la liste des maladies professionnelles. Mais si, aujourd'hui, tout le monde est en contact avec des polluants, à commencer par l'air intérieur des maisons, les plus vulnérables sont les enfants à cause de leur cerveau en développement. « Notre cerveau n'a qu'une seule chance de se développer. Les dégâts subis par le cerveau d'un foetus ou d'un enfant seront probablement irréversibles », écrit Philippe Grandjean (2). Dans son dernier livre, ce professeur de médecine environnementale à Copenhague et Harvard, reconnu comme l'un des plus éminents spécialistes internationaux du sujet, n'hésite pas à parler de « fuite chimique des cerveaux ».
Des chercheurs, ayant mesuré les taux de deux phtalates (plastifiants utilisés partout) dans les urines de 328 New-Yorkaises pendant leur troisième trimestre de grossesse, ont suivi ensuite leurs enfants. Résultat : à l'âge de 7 ans, chez les bébés dont les mamans avaient les concentrations les plus hautes, le QI était inférieur de 7 points à celui des enfants exposés in utero à des doses moindres. En France, un travail de l'Inserm a noté que les enfants qui présentaient les plus forts taux de pyréthrinoïdes (produit antipoux et antimoustiques) avaient plus de difficultés dans compréhension verbale et la mémoire de travail que ceux qui en avaient moins. D'autres travaux montrent que des substances, désormais interdites mais très persistances dans l'environnement comme les PCB (utilisés dans les équipements électriques) et que l'on retrouve dans la chaîne alimentaire -à travers les poissons notamment- peuvent entraîner une baisse de la mémoire dès l'âge de 4 ans et des difficultés de concentration à l'âge de 11 ans lorsqu'ils sont décelés en quantité importante dans le cordon ombilical et, en proportion moindre, dans le lait maternel (3). En outre, ces expositions prénatales à de nombreux perturbateurs endocriniens pourraient être en cause dans les maladies neurocomportementales : troubles de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDHA) et du spectre autistique. Philippe Grandjean : « La prévalence de certains de ces troubles paraît en hausse, ce qui tend à exclure une origine génétique. Les facteurs environnementaux font partie des suspects ».
Source : e-santé
Brigitte Bègue journaliste santé
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