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L’activité physique, le nouveau médicament ?

À tous les âges de la vie, l’activité physique est essentielle pour rester en bonne santé. Et bonne nouvelle, il en faut peu chaque jour pour se faire du bien. Quels sont ses bienfaits ? Quelles différences y a-t-il entre inactivité physique et sédentarité ? Nous faisons le point avec le professeur François Carré, cardiologue et médecin du sport au CHU de Rennes.

Écrit par Doctopress
Publié le 21/06/22
Temps de lecture 3 min

Pourquoi l’activité physique est-elle indispensable à une bonne santé ?

Pr. François Carré : Tout simplement parce nous sommes programmés pour bouger. C’est scientifiquement prouvé : nos gènes ne fonctionnent bien que si l’on bouge. Quand on ne le fait pas, notre organisme se met au repos et dysfonctionne. Aujourd’hui, on dénombre plus de 35 maladies chroniques qui sont favorisées par le temps passé assis et par l’inactivité physique.

On a longtemps associé à tort sédentarité et inactivité physique. Quelles différences y a-t-il entre les deux ?

F.C. : Les deux sont délétères, mais effectivement, aujourd’hui on fait le distinguo entre ces deux notions. On est inactif quand on ne respecte pas le temps d’activité physique qu’on doit pratiquer chaque jour. Et on est sédentaire quand on passe trop de temps assis, c’est-à-dire plus de six à sept heures par jour. D’ailleurs, le mot « sédentarité » vient du latin sedere, « être assis ». Désormais, on sait donc qu’on peut être à la fois sportif et sédentaire. Et ça, c’est quelque chose de nouveau.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui travaille toute la journée assise dans un bureau ?

F.C. : Ce qui est recommandé, c’est de casser les périodes assises trop longues. L’idéal, c’est de se lever une minute toutes les heures, pour aller à l’imprimante, se laver les mains, boire un verre d’eau… Mais si vous vous levez toutes les deux heures pour marcher deux à trois minutes, c’est déjà pas mal. Personnellement, j’utilise toutes sortes d’astuces pour me lever et bouger. Dans mon bureau, par exemple, j’ai placé la poubelle à l’autre bout de la pièce : à chaque fois que je dois jeter quelque chose, il faut que je me lève. De la même façon, pour téléphoner, je fais les cent pas dans mon bureau ou dans le couloir, ce qui ne surprend plus personne dans mon service. Et pour parler avec un collègue, plutôt que de lui envoyer un mail, je me déplace…

Ça c’est pour lutter contre la sédentarité. Et pour l’activité ?

F.C. : En France, les recommandations, c’est au minimum trente minutes d’activité physique modérée chaque jour, étant entendu que si vous en faites plus, c’est mieux ! Je précise que l’activité physique, ce n’est pas forcément du sport. Vous n’avez pas besoin d’acheter du matériel ou de vous rendre dans une salle de gym, il suffit de marcher d’un bon pas pendant dix minutes trois fois par jour. D’un bon pas, ça veut dire que vous devez vous sentir un peu essoufflé, mais sans transpirer pour autant. Et pour que ce soit efficace – j’insiste sur ce point –, il faut le faire chaque jour, car l’effet bénéfique ne dure que vingt-quatre à trente-six heures. Si vous pratiquez deux heures de sport le samedi et trois heures le dimanche, et puis plus rien le reste de la semaine, ça ne fonctionne pas. Se laver les dents sept fois durant le week-end, ça ne compense pas le brossage quotidien. Eh bien, pour l’activité physique, c’est pareil !

Bon à savoir

Le ministère des Solidarités et de la Santé recommande de pratiquer l'équivalent d'au moins 30 minutes de marche rapide par jour.

Depuis 2016, des séances d’activité physique adaptée peuvent être prescrites par les médecins aux patients qui souffrent d’une affection de longue durée (ALD). Peut-on considérer qu’il s’agit d’un traitement à part entière ?

F.C. : Absolument, la Haute Autorité de Santé a d’ailleurs validé depuis 2011l’activité physique comme thérapeutique non médicamenteuse. Ça ne veut pas dire que c’est une médecine alternative qui remplace les médicaments quand ceux-ci sont nécessaires : il faut parfois prescrire les deux. Mais dans un certain nombre de maladies, comme le diabète de type 2, l’hypertension artérielle modérée, l’excès de mauvais cholestérol ou la dépression minime à modérée, l’activité physique adaptée est recommandée en première intention, avant même les médicaments. Elle doit bien sûr être associée à une alimentation équilibrée et à l’arrêt du tabagisme.

Comment se déroule la prescription d’une activité physique adaptée ?

F.C. : Le médecin va d’abord détecter les patients qui peuvent en bénéficier, essayer d’évaluer leur motivation, leurs capacités et d’éventuelles limites liées à leur maladie. Il doit aussi leur expliquer l’intérêt de cette prescription dans le traitement de leur maladie. Puis il les orientera vers une structure ou une association qui pourra les prendre en charge, en leur précisant, bien entendu, que l’activité physique adaptée s’ajoute à l’activité physique recommandée à tous, mais ne la remplace pas.

Est-ce qu’il y a des contre-indications ?

F.C. : Non, de manière générale, il n’y a aucune contre-indication, même s’il peut arriver que certaines périodes soient moins propices que d’autres, par exemple lorsqu’un patient qui a de l’arthrose a une poussée aigüe. Pour le reste, ne pas faire d’activité physique lorsqu’on souffre d’une maladie chronique, c’est une perte de chances. Prenons l’exemple du cancer du sein. Les patientes qui pratiquent une activité physique adaptée en plus des traitements de la maladie voient leurs risques de mortalité diminuer de 25 % au minimum par rapport à celles qui ne font aucun exercice. Et en rémission d’un cancer du sein, l’activité physique entraîne une diminution du risque de récidive d’environ 40 %. C’est considérable !

Pour aller plus loin, retrouvez l'interview vidéo du professeur François Carré :

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