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Le réchauffement climatique et la pollution : un désastre au plan des maladies cardiovasculaires !

Publié le 17/01/18

L'enjeu de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21) qui vient de se terminer le 11 décembre à Paris était de contenir l'augmentation des températures à 2°C de plus par rapport à l'ère préindustrielle. Une urgence tant la pollution industrielle et domestique, principal coupable favorisant le réchauffement climatique, est dévastatrice sur le plan des maladies cardiovasculaires. Revue de détail.

La pollution atmosphérique, une meurtrière

La pollution de l'air a causé 524 000 décès prématurés en Europe en 2012, autant que les années précédentes (1) : 432 000 décès sont à mettre sur le compte des particules fines, 75 000 sur celui du dioxyde d'azote et 17 000 sur celui de l'ozone. Il ne fait pas bon vivre en ville : 87% de la population urbaine de l'Union européenne était exposée en 2013 à des concentrations de PM2,5 (les fameuses particules en suspension parmi les plus fines, mesurant 2,5 microns) supérieures à la valeur fixée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Maladies cardiovasculaires, première conséquence de la pollution

La pollution atmosphérique serait responsable de 400 000 décès prématurés chaque année en Europe, pour 80% par maladies cardiovasculaires (notamment infarctus du myocarde), loin devant les maladies pulmonaires et le cancer (1) (2).



En effet, sur le long terme, la pollution atmosphérique aggrave non seulement des problèmes cardiaques chez les malades (infarctus du myocarde, angine de poitrine, troubles du rythme cardiaque, accident vasculaire cérébral, maladies des coronaires) mais produit également des effets nocifs sur le système cardiovasculaire des personnes "saines" !



Exactement comme pour le tabagisme* - rappelons qu'avec 78 000 morts par an rien qu'en France et 700 000 en Europe, il tue beaucoup plus que la pollution atmosphérique -, les mécanismes physiopathologiques impliqués sont des phénomènes de thrombose (formation de caillots sanguins), une altération de la capacité des vaisseaux à se dilater et des phénomènes inflammatoires.



Pr Daniel Thomas, cardiologue au CHU de La Pitié Salpêtrière à Paris, président d'honneur de la Fédération française de cardiologie (FFC) : « Ces mécanismes vont entraîner une déstabilisation des plaques d'athérome (dépôts progressifs de cholestérol) et provoquer des accidents aigus vasculaires notamment au niveau des artères coronaires (artères du coeur). D'ailleurs, les pics de pollution et les accidents vasculaires aigus sont en parfaite corrélation chronologique ! De plus, l'altération de la capacité des artères à se dilater peut être à l'origine des phénomènes de spasmes coronaires. Il s'agit d'un rétrécissement brutal du calibre des artères, favorisant la coagulation sanguine et pouvant conduire à des troubles du rythme ventriculaire cardiaque voire à la mort subite par occlusion de l'artère. Enfin, le monoxyde de carbone empêche le transport normal de l'oxygène dont il prend la place dans les globules rouges, ce qui est tout particulièrement préjudiciable chez les patients coronariens (souffrant de maladies des coronaires). »

Pollution : Enfants, fumeurs et seniors sont les plus vulnérables

Certaines personnes sont plus vulnérables que d'autres. Tout d'abord, les enfants jusqu'à l'âge de 8 ans, car leurs alvéoles pulmonaires continuent de se développer. Les fumeurs ensuite, à l'appareil respiratoire déjà altéré par le tabac. Mais surtout les plus de 65 ans souffrant de comorbidités (maladies installées comme un diabète, une hypertension, un syndrome métabolique etc.). Ils peuvent alors « décompenser » (qui s'aggrave brutalement) un problème cardiaque déjà existant comme une insuffisance cardiaque et une maladie coronaire et ainsi décéder prématurément. Chez eux, en amont d'un pic de pollution, il est conseillé d'aérer la maison deux fois par jour pendant dix minutes pour une bonne oxygénation des lieux, diminuer l'humidité et être particulièrement vigilant quant aux signes d'alerte (malaises, maux de tête, sensation de faiblesse, vertiges...).

Températures élevées, mortalité en hausse

En ce qui concerne les épisodes de canicules, conséquences directes du réchauffement climatique, ils peuvent favoriser la déshydratation chez les personnes âgées. La conséquence ponctuelle est le risque d'hypotension artérielle qui peut réduire le flux coronaire avec le risque d'accident coronaire aigu, type infarctus.



Les canicules de 2003 puis de 2006 et 2015 ont causé respectivement 15 000, 2000 et 3300 décès en excès en quelques jours en France.



Près des trois-quarts des jours chauds observés depuis 1850 sont attribuables au changement climatique.



Mais la température a également des impacts sur la mortalité en dehors des canicules. Une étude internationale a estimé que 7,7% de la mortalité annuelle était attribuable à la température, effet du chaud et du froid cumulé (3). En France métropolitaine, une hausse des températures moyennes comprise entre 0,6°C et 1,3°C est attendue sur la période 2021-2050 par rapport à 1976-2005. 

Source : e-santé

Hélène Joubert journaliste scientifique

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