Santé mentale des jeunes : l’état d’urgence ?
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Le thigh gap est une nouvelle mode qui consiste à avoir l'écart entre les cuisses le plus grand possible.
Mais cette morphologie est rare et témoigne d'une maigreur extrême. L'obtenir relève plutôt de l'anorexie mentale. Or les troubles du comportement alimentaire sont de « vraies » maladies aux conséquences graves.
Le thigh gap, qui désigne un écart important entre les cuisses est une mode qui vient des États-Unis et qui, via Facebook et autres réseaux sociaux, gagne certaines jeunes adolescentes françaises. Longues frustrations alimentaires, régimes restrictifs, exercices physiques ciblés, rites et autres épreuves sont mises en place pour au final afficher l'écart le plus important, photos à l'appui diffusées sur leur blog, et ainsi accéder au club.
L'étape ultime de la compétition est le test de la cannette de coca, lorsque pieds joints, placée entre les cuisses, celle-ci tombe au sol.
Des communautés se forment et entrent en compétition. Tout est permis pour réussir, les conseils les plus saugrenus circulent sur la toile, les jeunes filles s'encouragent et dans chaque tribu, on recrute de nouvelles candidates.
Cette lubie touche des filles très jeunes, dès le collège, lorsqu'elles ont 12-13 ans et que leur corps commence justement à se transformer. Les seins sont acceptés, mais le bas du corps doit rester juvénile, sans forme, comme la célèbre poupée Barbie, mais c'est aussi l'image véhiculée par la mode via les tops modèles... Ce phénomène est une façon de s'identifier aux mannequins et aux people. On publie des photos de son thigh gap semaine après semaine à côté de celle du top modèle représentant l'objectif à atteindre.
Mais le thigh gap est aussi une façon d'appartenir à une communauté, un phénomène largement amplifié par les réseaux sociaux.
Enfin, cette mode de maigrir au niveau des cuisses et d'afficher des jambes extrêmement fines correspond aussi à une volonté de maîtriser totalement son corps.
Dans cette compétition à la maigreur, ces jeunes filles maltraitent leur corps et mettent leur santé en danger.
L'objectif est placé tellement haut, avec un nombre de kilos à perdre parfois important, que les efforts sont drastiques et s'éternisent dans le temps.
L'espace entre les cuisses est une question de morphologie, et cette morphologie est rare, d'où les efforts incroyables à fournir pour réussir à se rapprocher de cet idéal, considéré a priori comme un critère de beauté. Il faut bien comprendre que l'espace entre les cuisses est moins une question de poids qu'une question de morphologie.
Et comme nous n'avons pas toutes cette rare morphologie, certaines jeunes filles vont devoir perdre beaucoup de poids et de masse musculaire (même si elles sont plutôt minces à l'origine) pour arriver à augmenter l'écart entre leurs cuisses. Mais seule une restriction extrêmement sévère non compatible avec la physiologie peut permettre d'y arriver, et cela s'apparente à l'anorexie. Or il s'agit d'une « vraie » maladie qui met la santé en danger. En France, 1 à 2 % des adolescents sont touchés par l'anorexie mentale, ce qui représente quelque 70.000 jeunes filles et les malades sont de plus en plus jeunes.
Le thigh gap qui pousse les préadolescentes à afficher des corps squelettiques s'ajoute donc à la liste des troubles du comportement alimentaire.
Si certains risques sont immédiats (fatigue extrême, santé fragilisée...), d'autres sont à venir avec par exemple une fertilité compromise et des troubles du comportement persistant à l'âge adulte.
Le pire dans cette histoire est qu'au final, cette mode du thigh gap n'est rien d'autre qu'une façon de chercher à être acceptée socialement et à être dans une norme...
Source : e-santé
Isabelle Eustache
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