Santé mentale des jeunes : l’état d’urgence ?
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Si l’activité physique régulière et modérée entretient l’organisme, entraîne le cœur, chasse le stress et protège de certains comportements à risque, la pratique d’une activité sportive en excès semble, à l’inverse, augmenter le risque d’une consommation d’alcool problématique.
Telles sont les conclusions d’une étude menée à partir de l’Observatoire 2016 « Les Français et l’alcool » conduite auprès d’adultes de 18 ans et plus, par la Fondation pour la Recherche en Alcoologie.
Ce travail a établi que les accros au sport, autrement dit victimes de bigorexie (c’est le vrai nom de la dépendance au sport), soit 5% environ de la population adulte, sont trois fois plus nombreux que les pratiquants réguliers et modérés d’une activité sportive à présenter une consommation d’alcool problématique : 11% d’entre eux seraient en effet concerné, contre 4% des pratiquants non accros au sport !
Il est démontré que si la pratique d’une activité physique régulière augmente la fréquence de consommation d’alcool (une consommation au minimum hebdomadaire chez 57% des sportifs réguliers contre 43% des non-pratiquants), elle génère en revanche moins de problèmes d’alcool…
Conclusion ? C’est à très haute dose que le sport deviendrait finalement délétère sur le comportement et pourrait s’associer à d’autres dépendances…
Car il serait en effet « faux de croire que l’alcool et le sport sont deux comportements contradictoires » commente le Dr. Laure Com-Ruelle* : « Au contraire, ils s’associent souvent et interagissent fortement, d’autant que tous deux font partie des rituels de socialisation, et déclenchent des mécanismes cérébraux assez semblables, avec une activation du circuit dit de la récompense ». Il est d’ailleurs établi que les différentes dépendances, qu’elles soient aux substances (tabac, alcool, cocaïne) ou comportementales (jeu, sport, sexe) sont fréquemment associées.
Des résultats qui viennent confirmer plusieurs travaux plus anciens, s’intéressant déjà aux relations entre sport et alcool.
Ainsi, l’étude ESPAD (1999) montrait qu’à l’âge de 16 ans, la consommation d’alcool et les ivresses augmentaient dès 8 heures d’activité sportive hebdomadaires.
L’étude IREB (2007), montrait, elle, deux tendances clairement opposées chez les majeurs (18-24 ans) : une augmentation du risque de consommation problématique chez certains jeunes pratiquant intensément des sports collectifs avec compétition (x 2,5 par rapport à ceux optant pour un sport de loisir individuel sans compétition) et à l’inverse une diminution du risque chez d’autres, avec un taux multiplié par 2,8 de non-consommation d’alcool. Deux attitudes opposées, qui montrent que certains échappent clairement au risque de dépendance à l’alcool, sans doute en fonction des différents tempéraments.
Reste que si certains sports semblent assez déconnectés des conduites d’alcoolisation (gym, athlétisme, endurance), d’autres à l’inverse sont plus particulièrement concernés : essentiellement les sports collectifs de ballons (football, rugby, basket, volley…), avec l’incontournable « troisième mi-temps ». Un rituel convivial, mais qui expose aux débordements alcooliques (Binge Drinking notamment) et à la possible installation d’une dépendance.
Question de dose de sport, donc ? Dans la réalité, pas exactement : plutôt de dépendance.
En effet on peut ne pas être « accro » au sport malgré une pratique intensive, et à l’inverse, l’être en pratiquant moins : plus que le nombre d’heures, c’est la place que prend le sport dans la vie qui signe l’addiction.
La bigorexie est reconnue comme maladie par l’OMS depuis 2011, et peut être évaluée grâce à un test EAI, permettant notamment d’évaluer la sensation de manque liée à l’arrêt de la pratique.
Alors que l’activité physique régulière modérée protège du risque d’alcool, une pratique intensive, et a fortiori addictive, expose donc, à l’inverse, à une dépendance alcoolique.
Dr. Com-Ruelle : « Il est important d’encadrer la pratique sportive, de former et d’informer préventivement non seulement les sportifs (jeunes et adultes), mais également les entraîneurs de clubs, notamment ». D’une part parce que l’alcool nuit gravement à la performance (baisse d’hydratation, altération du processus de réparation musculaire…), mais aussi à la santé, à court terme (accidents) et à long terme (maladies, décès). Il est ainsi avéré que les sportifs de haut niveau courent plus de risques de problème d’alcool quand sonne l’âge de leur retraite sportive. Autant de bonnes raisons pour ne plus faire de cocktail « sport + alcool ».
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