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Les antibiotiques, c’est encore automatique

Publié le 13/03/18

Au vu des derniers chiffres sur la consommation d'antibiotiques des Français en 2016 qui viennent d’être publiés par l'Agence nationale de sécurité des médicaments, il n’y a pas de quoi se réjouir : la France reste dans le peloton de tête des consommateurs et certains niveaux d’antibiorésistance demeurent préoccupants.

La France, 3ème consommateur européen d'antibiotiques

L’objectif d’une baisse de la consommation de 25% d'ici à 2018 comme l'avait préconisé le « Plan national d'alerte sur les antibiotiques 2011-2016 » n’aura pas été atteint. Au contraire, la tendance repart à la hausse, comme observé depuis 2010, dix ans après la fameuse campagne dont le slogan était « Les antibiotiques, c’est pas automatique ». Selon le rapport*, « entre 2015 et 2016, la consommation en ville a ainsi augmenté de 1,3%, repassant au-dessus de 30 doses définies journalières pour 1 000 habitants et par jour (30,3 contre 29,9 en 2015) ». Ce qui place la France très au-dessus de la moyenne européenne (21,9 DDJ/1000H/J) et même au niveau international selon le panorama 2017 de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le slogan actuel, "Soyons concernés, soyons responsables" parviendra-t-il à inverser la tendance ?

Antibiotiques, un bilan en demi-teinte

En ville, la consommation d’antibiotiques a diminué entre 2000 et 2016. Cette baisse a été importante entre 2000 et 2005 (de 33,4 à 27,1 DDJ/1.000H/J), mais la consommation s’est stabilisée entre 2006 et 2011, puis est repartie à la hausse, avec une croissance de 5,6% entre 2011 et 2016 (de 28,7 à 30,3 DDJ/1000H/J). Toujours en ville, deux prescriptions sur trois ont été réalisées dans le cadre d’affections ORL et d’affections des voies respiratoires basses.

Léger mieux pour les antibiotiques « critiques »

Un peu d’espoir ? Les antibiotiques « critiques » car générateurs de résistances bactériennes (amoxicilline + acide clavulanique ; céphalosporine de 3è et 4è génération ; fluoroquinolones) a perdu un point et demi, passant de 36,5% à 35%. Notamment, la prescription de l’association amoxicilline/acide clavulanique s’est stabilisée en 2016.

Les céphalosporines de 3e et de 4e génération ont, pour leur part, reculé de 30,5% et de 8,9% entre 2006 et 2016. Cet effort proviendrait des soins de ville ; la consommation d'antibiotiques l'hôpital étant restée stable en 2016. Pour autant, certains niveaux d’antibiorésistance restent préoccupants. Par exemple, en ville, la part des bactéries Escherichia coli résistantes aux céphalosporines de3e génération a triplé entre 2008 et 2016, actuellement à 4,2%. Idem à l’hôpital où la résistance d’E. Coli est passée de 2% en 2006 à 11,2%.

Point encourageant, le fait que spécifiquement, chez les 16-65 ans, l’évolution des prescriptions d’antibiotiques en médecine libérale (hors Affections de Longue Durée) a régressé de 7,1% depuis 2011, soit deux millions de prescriptions évitées en 2016.

Pour améliorer encore la situation, des pistes sont envisagées, comme la dispensation d’antibiotiques à l’unité et non par boites entières ou la réduction de la durée de l’antibiothérapie. Les initiatives en santé humaine pourraient s’inspirer de celles conduites en santé animale où les restrictions drastiques d’usage des antibiotiques ont produit leur effet avec une réduction de 37% de l’exposition des animaux aux antibiotiques entre 2011 et 2016. En conséquence, la résistance d’E. Coli aux céphalosporines de 3e et de 4e génération chez les animaux recule fortement.

* Rapport du 18 novembre 2017/ Consommation des antibiotiques en France en 2016.

http://ansm.sante.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/L-ANSM-publie-un-rapport-sur-la-consommation-des-antibiotiques-en-France-en-2016-Point-d-Information

Hélène Joubert, journaliste

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