Santé mentale des jeunes : l’état d’urgence ?
La santé mentale des 11-24 ans ne cesse de se dégrader. Les explications et les conseils du Pr Florian Ferreri, psychiatre.
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La lutte contre les déserts médicaux constitue l’une des priorités du ministère de la Santé dont le plan d’actions « Pacte territoire santé », annoncé en décembre dernier, a pour objectif d’enrayer ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur. La Mutualité française a, depuis longtemps, décidé d’agir en favorisant l’accès aux soins grâce aux centres de santé mutualistes. Décryptage.
Avec 306 médecins pour 100 000 habitants, la France se situe bien au-dessus du seuil critique, fixé à 250 médecins pour 100 000 habitants (2012) selon le Conseil National de l’Ordre des Médecins. Cette statistique masque cependant de nombreuses disparités géographiques puisque 3,1 millions de Français rencontrent aujourd’hui des difficultés d’accès aux soins. Le pays compte en effet de nombreux déserts médicaux, expression désignant des territoires où l’offre médicale est insuffisante pour répondre aux besoins de la population. Le ministère de la Santé considère pour sa part qu’un territoire peut être qualifié de désert médical à partir du moment où la densité de médecins par rapport à la population est inférieure de 30% à la moyenne nationale. Concrètement, le désert médical se traduit par une mauvaise répartition sur le territoire des praticiens ce qui, au quotidien, pose de nombreuses difficultés aux patients pour trouver un médecin généraliste ou un spécialiste. Il en résulte des délais d’attente extrêmement longs voire, pour certains patients, un possible renoncement aux soins non urgents.
L’état des lieux réalisé par le Conseil National de l’Ordre des Médecins, dans L’Atlas 2012 de la démographie médicale, constitue une très intéressante radioscopie pour apprécier réellement la situation des déserts médicaux. Il souligne l’existence de disparités avec des densités oscillant selon les régions entre 237 et 367 médecins pour 100 000 habitants. Les deux régions qui comptent le moins de médecins par habitants sont la Picardie et le Centre avec respectivement 237,1 et 241,6 médecins pour 100 000 habitants. Inversement, les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’Ile-de-France s’avèrent les plus favorisées avec, respectivement, une densité médicale de 367,8 et 362,4 médecins pour 100 000 habitants. De même, il met en avant le fait que près d’un quart des médecins en activité ont aujourd’hui 60 ans ou plus ou encore que Paris a, en 2010, attiré 47% des nouveaux médecins. Enfin, il prévoit en 2017 une diminution de la densité médicale pour quelques 10 régions et révèle que, s’il y a dans l’ensemble peu de tensions pour les médecins généralistes, la situation est plus préoccupante en ce qui concerne les spécialistes, notamment les pédiatres, les gynécologues et les ophtalmologistes du fait de départs à la retraite insuffisamment compensés.
Comment en est-on arrivé là alors que la France dispose d’une politique de santé publique, d’infrastructures de santé et d’une forte proportion de médecins libéraux ? Trois facteurs expliquent l’existence de déserts médicaux : - Il y a en premier lieu le numerus clausus qui, depuis 1971, limite le nombre d’étudiants de 1re année de médecine autorisés à poursuivre leurs études, alors même que la démographie française continue de croître de façon régulière et continue. Cela entraîne, si ce n’est une pénurie de médecins, du moins une limitation du nombre de diplômés à même d’exercer la médecine. - Le fait que les praticiens puissent s’installer professionnellement où bon leur semble sur le territoire français, à partir du moment où ils disposent des diplômes requis, constitue une sérieuse limite à la répartition géographique équilibrée des ressources médicales. - Enfin, le manque d’attractivité de certains territoires, dotés d’une faible présence de services publics, d’une absence de bassins d’emplois ou se caractérisant encore par un faible dynamisme économique, n’incite pas les praticiens, dont la plupart ont une vie familiale, à s’installer dans ces zones.
Afin de faciliter l’accès aux soins, et avant même que la problématique des déserts médicaux émerge, les mutuelles adhérentes à la Mutualité française ont créé des centres de santé mutualistes, dont certains existent depuis plus de 50 ans. S’ils ont le mérite de constituer une réponse partielle aux déserts médicaux, ils présentent également de nombreux avantages. Avec de multiples disciplines médicales - médecins généralistes et spécialistes de tous types – ces centres de santé mutualistes assurent une médecine de proximité sans dépassement d’honoraires. Ils dispensent à tous les assurés sociaux des soins médicaux, dentaires et infirmiers et remplissent des missions de prévention et d’éducation thérapeutique. Ils proposent en outre aux patients de nombreuses actions d’information et de dépistage, de façon permanente ou à l’occasion de journées nationales : dépistage du cancer du sein, risques cardio-vasculaires, aide au sevrage tabagique, test mémoire… Ces centres ne pratiquent pas de dépassement et acceptent systématiquement le tiers-payant pour la part Sécurité sociale. Le patient n’a pas non plus à régler la part complémentaire si un accord a été conclu entre le centre et sa mutuelle. Pour les actes non remboursés, les soins se distinguent par des tarifs maîtrisés. La plupart de ces centres sont aujourd’hui fédérés au sein du Réseau national des « Centres de santé mutualistes » qui regroupe plus de 500 établissements dont 460 centres dentaires et 60 centres de santé médicaux, polyvalents ou infirmiers ; leur liste est accessible sur Internet avec un outil de géolocalisation. Certaines mutuelles ont également créé et gèrent leurs propres centres de santé comme La Mutuelle Générale avec le Centre Jack Senet.
Alors que le ministère de la Santé mène actuellement une concertation avec l’ensemble des acteurs de santé et les élus locaux pour atténuer le phénomène des déserts médicaux, les pouvoirs publics ont d’ores et déjà prévu d’accorder des facilités aux professionnels de santé pour se regrouper en équipes pluri-disciplinaires au sein de maisons de santé ou de pôles de santé. Une approche dont la philosophie recoupe celle des centres de santé mutualistes. Il n’en reste pas moins qu’il sera difficile de résorber à court terme la désertification médicale des territoires.
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