Santé mentale des jeunes : l’état d’urgence ?
La santé mentale des 11-24 ans ne cesse de se dégrader. Les explications et les conseils du Pr Florian Ferreri, psychiatre.
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Depuis mi-janvier 2020, l’anti-inflammatoire ibuprofène et le paracétamol sont passés derrière le comptoir de la pharmacie : s’ils peuvent toujours être obtenus sans prescription médicale, ils ne seront plus en libre service. L’automédication, oui, mais avec précaution !
Ce début d’année 2020 marque un tournant dans les habitudes d’automédication des Français : « les spécialités à base de paracétamol seul ou en association, et les spécialités à base d’ibuprofène ou d’acide acétylsalicylique (aspirine) sont retirées de la liste des médications officinales », confie Philippe Vella, directeur des antalgiques à Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). En clair, ils ne pourront plus être présentés en accès direct, c’est-à-dire « devant le comptoir » dans les pharmacies.
En parallèle, les premières boîtes de ces spécialités dont l’étiquetage sera modifié de façon à y intégrer l'avertissement « surdosage = danger » et, d’autres messages visant à réduire le risque de surdosage, arriveront progressivement sur le marché jusqu’en avril 2020.
Une décision prise pour éviter les abus médicamenteux, le plus souvent par ignorance, et prévenir les conséquences sanitaires qui en découlent. Car le décès d’une patiente, des suites d'une intoxication au paracétamol en décembre 2018, n’est pas un cas isolé. Cette histoire dramatique rappelle combien le surdosage de cet antalgique peut être dangereux, alors même qu’il est très souvent considéré par le grand public comme inoffensif.;
Le terme d’automédication, selon l’Ordre des médecins, est « l’utilisation, hors prescription médicale, par des personnes pour elles-mêmes ou pour leurs proches et de leur propre initiative, de médicaments considérés comme tels et ayant reçu l’autorisation de mise sur le marché (AMM), avec la possibilité d’assistance et de conseils de la part des pharmaciens ».
En 2011, ils étaient 60 % des Français à s’automédiquer (1). En 2018, 80 % des Français déclaraient se soigner seuls avec des médicaments en vente libre, principalement pour des maux de tête (46 %), un état grippal (51%) et des maux de gorge (41%). Une tendance stable depuis quelques années (2) après une hausse continue au début des années 2010. Les raisons ne varient pas : difficulté d’accès aux soins, fort intérêt de l’automédication vis-à-vis des « petits maux » en évitant la case médecin, l’effet « Dr Google », etc.
Cependant, tout produit d’automédication devrait être encadré par un conseil de la part du pharmacien pour en sécuriser la prise. Cela engage sa responsabilité. Pour le Dr Martial Fraysse, pharmacien et membre de l'Académie nationale de Pharmacie, « l’automédication ne fonctionne que si elle est accompagnée. Il faut respecter les règles de bon usage, d’autant que, par exemple, l’ibuprofène se trouve sous des galéniques différentes avec des cinétiques de libération différentes (gélules, capsules, sirops…). Le pharmacien peut adapter la forme et le dosage à l’individu et veiller à ce que l’automédication ne glisse jamais vers un traitement chronique. »
En automédication, les anti-inflammatoires et surtout le paracétamol arrivent en tête. Ce dernier est la substance la plus consommée, avec une augmentation de 53% depuis 2005 (3). Or, il y a aujourd’hui une vraie culture du paracétamol en France, consommé dès les premières fièvres et douleurs mais dont la toxicité du surdosage est largement sous-estimée. En effet, le risque d’atteinte hépatique sévère est accru avec des dosages élevés ou les associations de produits en contenant.
« Il ne faut pas non plus diaboliser une molécule très efficace et peu risquée si on respecte la dose maximale de 3 g en automédication et chez les personnes âgées (4 g sur prescription médicale), modère le Pr Gisèle Pickering, pharmacologue clinicienne au CHU de Clermont-Ferrand. Attention, il est courant que le grand public associe plusieurs médicaments contenant du paracétamol, sans s’en apercevoir. » Dans les douleurs légères à modérées (fièvre, douleurs dentaires, maux de tête, états grippaux, courbatures, règles douloureuses, douleurs arthrosiques, etc.), le paracétamol est le médicament de choix, suivi de l’ibuprofène. « La règle n°1 est de ne pas dépasser la dose maximale recommandée, insiste la pharmacologue. Il faut aussi respecter un délai minimum de quatre à six heures entre chaque prise. L’important est d’utiliser la plus faible dose, le moins souvent possible ».
Pour sa part, l’ibuprofène est le deuxième antalgique consommé, avec une augmentation de la délivrance des formes dosées à 400 mg. Les AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens), ne doivent pas être utilisés en cas d’ulcère gastroduodénal, d’insuffisance rénale ou cardiaque, de maladies chroniques de l’intestin, de maladie grave du foie ni chez la femme enceinte à partir du 6e mois de la grossesse, et avec de grandes précautions après 65 ans. De plus, les AINS s’utilisent soit par voie orale ou en pommade, jamais les deux en même temps, et ils sont à éviter en cas d’infection (angine, otite, varicelle, toux, rhinopharyngite…). La condition est de les utiliser à la dose minimale efficace, pendant la durée la plus courte. En résumé : pas plus de trois jours en cas de fièvre et cinq jours en cas de douleur et avec un délai minimum de quatre à six heures entre chaque prise de 400 mg d’ibuprofène (1 200 mg/jour au maximum). Car même à moindres doses, ils peuvent provoquer des effets indésirables lorsqu’ils sont pris au long cours (problèmes gastriques, cardiovasculaires, rénaux…).
Le paracétamol et l’ibuprofène se retrouvent dans de nombreux médicaments d’automédication, notamment pour les rhumes et les états grippaux.
La dose toxique et la dose thérapeutique du paracétamol sont très proches. Cette dose doit être calculée par rapport au poids et réparties sur 24 heures.
La toxicité du paracétamol est hépatique, pouvant entraîner des hépatites aiguës toxiques mortelles. Le surdosage en paracétamol est une urgence médicale. L’ibuprofène présente un risque au niveau digestif (aussi bien en comprimé, qu’en patch ou en pommade). De plus, les Anti-Inflammatoires Non Stéroïdiens présentent une toxicité cardiaque et rénale, lorsqu’ils sont pris régulièrement.
Hélène Joubert, journaliste d’après les interviews des Prs François Chast et Gisèle Pickering et du Dr Martial Fraysse.
Pour en savoir plus :
Fiches ANSM (paracétamol, AINS, aspirine) :
https://www.ansm.sante.fr/Dossiers/Medicaments-en-acces-direct/Informations-pour-les-patients/(offset)/1
Références :
(1) https://www.afipa.org/ ;
(2) Sondage Louis Harris (2018 et 2019) et étude Ipsos pour Afipa (2015) ;
(3) Observatoire français des médicaments antalgiques-Ofma
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