Santé mentale des jeunes : l’état d’urgence ?
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Faire toit commun pour rompre l’isolement et créer du lien. En apprenant à vivre ensemble, jeunes et seniors nouent une relation nouvelle, loin de l’image négative qu’ils ont parfois les uns des autres. Et si, à travers le logement intergénérationnel, on parlait surtout de rapprochement ?
Des vétérans aux « Z », aujourd’hui jusqu’à cinq générations cohabitent. Et ce, dans un espace géographique très éclaté, peu propice au maintien des liens. Réinventer des manières de rapprocher ces générations qui, de prime abord, ont si peu en commun constitue un vrai défi, auquel se sont attaquées toutes les associations régionales qui œuvrent en faveur du lien intergénérationnel. Sur le papier, l’idée est simple : mettre en relation un jeune à la recherche de logement avec un senior en quête d’un revenu complémentaire. Dans les faits, elle va plus loin : « Nous réunissons des jeunes qui n’ont pas beaucoup de moyens avec des seniors qui souffrent de solitude : deux besoins qui se complètent très bien », résume Elise Renet, directrice de l’association Vivre Avec (Solidarités Intergénérationnelles), à Bordeaux.
Pour une centaine d’euros par mois, un jeune entre 18 et 30 ans peut ainsi occuper une chambre et offrir une présence rassurante à son hôte. En aucun cas, il n’est un garde-malade ou un infirmier. Le senior peut avoir entre 50 et 95 ans, et un état de santé qui nécessite des soins médicaux, mais il ne doit pas être dépendant du jeune. « Des deux côtés, il s’agit de rompre l’isolement, reprend Elise Renet. Car on parle toujours de l’isolement des seniors, mais il concerne tout autant les jeunes ! » Une solution de logement à bas coût très prisée par les étudiants, étrangers notamment, désireux de se trouver un point d’attache.
Cette forme de cohabitation rassure. Pour les seniors, elle permet un maintien à domicile dans de bonnes conditions. « C’est toujours rassurant de savoir que l’on peut appeler quelqu’un en cas de problème. » Même soulagement pour l’entourage, qui peut compter sur le jeune pour assurer un rôle de prévention. « Le sentiment d’utilité est, par ailleurs, très fort, souligne Stella Bacchiocchi, fondatrice de l’association La Logitude, à Avignon. Les seniors aiment savoir qu’ils aident un jeune à débuter dans la vie. »
Du côté des jeunes, on savoure également une présence rassurante. Certains restent une année scolaire, d’autres plus, selon leur envie. Pour tous, c’est un premier pas vers l’autonomie. « Je décris souvent cette cohabitation comme un tremplin vers l’indépendance, poursuit Stella Bacchiocchi. Elle permet au jeune de baigner un peu plus longtemps dans un cocon quasi-familial et de se lancer dans la vie avec douceur. »
Avant d’être réunis, jeunes et seniors sont présentés. Si le courant passe, ils emménageront ensemble et seront suivis tout au long de l’année par les associations. « Cet accompagnement est indispensable pour prévenir ou dénouer tout conflit qui pourrait survenir. Échanger en présence d’un tiers aide souvent à mieux se comprendre. » Évidemment, cela ne peut se faire sans une envie certaine de part et d’autre. « Sans réciprocité, cela ne marche pas », note Elise Renet.
Réciprocité, le mot-clé, effectivement. Alors que l’on pourrait s’attendre à ce que ces deux générations aient du mal à vivre ensemble, on observe qu’il n’en est rien. « Les jeunes et les seniors qui tentent l’aventure sont ouverts d’esprit. Ils rêvent de partage, d’enrichissement dans la différence… Ça fonctionne souvent très bien ! » se réjouit Stella Bacchiocchi. Même si les aînés assurent toujours un rôle éducatif, la relation s’équilibre cependant. Musique, cuisine, souvenirs favorisent l’échange. Chacun apprend de l’autre. « Les nouvelles technologies ont aussi beaucoup œuvré en ce sens, note Stella Bacchiocchi. C’est une belle activité de partage, qui permet aux seniors de communiquer avec leur propre famille et, surtout, de rester actif, dans le coup. Elle réduit la rupture entre les générations. »
En vivant sous le même toit, jeunes et seniors apprennent à écrire une nouvelle histoire. Leur histoire. « Partager sa maison, c’est forcément transmettre quelque chose de soi, livrer son expérience, explique Elise Renet. Les jeunes, eux, apprennent tôt la solidarité. C’est une belle transition vers une vie d’adulte. » Une aventure qui ne s’arrête pas toujours aux portes de la maison. À La Logitude, par exemple, on a décidé de pousser plus loin les échanges en réunissant jeunes et seniors sur scène, lors d’une pièce de théâtre. Qui a dit que les deux générations avaient peu à partager ?
Bernadette, 76 ans, retraitée, et Mélody, 20 ans, commis en pâtisserie, vivent sous le même toit depuis cinq ans.
« Depuis cinq ans, je reçois des étudiants chez moi. Mes enfants ne sont pas tout près, cela me rassure d’avoir quelqu’un à proximité au cas où je ferais un malaise. Mais surtout, le quotidien est plus gai ! Je me sentais seule depuis mon divorce et j’adore avoir des jeunes à la maison. Une fois par semaine, j’organise un repas en commun : une fois, je cuisine, la fois suivante, c’est leur tour. Ces discussions me font beaucoup de bien. Mélody m’a aussi appris à me servir d’Internet. Maintenant, je communique par mail ou Skype avec ma famille, je fais des achats sur le web… Ce n’est pas juste de la colocation : des liens forts se sont créés ! »
Bernadette
« J’avais 15 ans quand je suis arrivée chez Bernadette, et j’étais bien contente de trouver une dame souriante, dynamique, toujours là en cas de problème. Loin de ma famille, je me sentais moins seule avec elle. Mes parents, eux, étaient soulagés de me savoir en sécurité. Petit à petit, on s’est apprivoisées. Au début, je lui tenais juste compagnie. Puis on a pris plaisir à cuisiner l’une pour l’autre, à faire des courses ensemble, à partager des sorties. On discutait beaucoup. Pour moi, c’était comme une deuxième grand-mère ! L’expérience m’a énormément apporté. Entre nous, c’est une belle histoire d’amitié. »
Mélody
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