Santé mentale des jeunes : l’état d’urgence ?
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Impôts, Sécurité sociale, allocations familiales… Près d’un Français sur cinq se sent perdu lorsqu’il doit compléter une démarche en ligne. Un handicap qui porte un nom : l’illectronisme. Pour favoriser l’inclusion numérique, les associations et entreprises à vocation sociale se mobilisent. Parmi elles, Emmaüs Connect. Charlotte Bougenaux, l’une de ses deux co-directrices, a accepté de répondre à nos questions.
Charlotte Bougenaux : L’illectronisme, c’est le principe de l’illettrisme transposé au numérique, c’est-à-dire le fait qu’une personne soit dans l’incapacité d’utiliser les outils numériques. Or ceux-ci sont désormais omniprésents, pour chercher un emploi, faire des démarches administratives ou encore acheter un billet de train. C’est donc un vrai problème de société qui touche plusieurs millions de personnes en France. On estime que près de 35 % des Français éprouvent une ou plusieurs difficultés avec le numérique, et que plus de 16 % de la population est dans une situation d’exclusion numérique.
C.B. : L’exclusion numérique est un problème transverse qui a différents visages, mais effectivement, certaines populations sont davantage touchées que d’autres, en particulier les seniors. Les personnes qui ont un faible niveau d’études sont également surreprésentées. Cela étant, les jeunes ne sont pas épargnés. Selon Eurostat, 16 % d’entre eux ont de très faibles compétences numériques.
C.B. : Les jeunes ont un usage essentiellement ludique et récréatif du numérique. Ils maîtrisent parfaitement les réseaux sociaux ou les vidéos. En revanche, quand il s’agit de faire des démarches en ligne, ça devient beaucoup plus compliqué. Rechercher une offre d’emploi sur Internet, savoir y répondre, envoyer un mail, faire un CV…, tout cela n’est pas inné. Il y a des codes. C’est en traitant la problématique de l’illectronisme dès le plus jeune âge qu’on arrivera, progressivement, à endiguer ce phénomène d’exclusion numérique.
C.B. : Elles sont nombreuses, à commencer par le manque d’équipement. Aujourd’hui, 22 % de la population ne possède pas d’ordinateur. Pour les personnes à faibles revenus, le coût est un frein. Quand on touche le RSA, un smartphone, ça représente un quart de ses revenus ! Il y a aussi le problème de la connexion. Quarante pour cent des personnes que nous accueillons n’ont pas de compte en banque ou de logement en propre, elles ne peuvent donc pas souscrire de forfait, même peu coûteux. Il y a bien les recharges prépayées, mais tout le monde ne peut pas y avoir accès car c’est plus cher. Et puis, il y a encore des zones blanches en France, notamment dans les zones rurales, où il n’y a pas d’accès ni à Internet ni au réseau mobile. Enfin, il y a le problème du manque de compétences sans lesquelles on ne peut pas accéder aux différents services dématérialisés.
C.B. : Aujourd’hui, le numérique est partout, c’est un phénomène de masse. D’ici à la fin de l’année, 100 % des démarches administratives se feront en ligne, il ne faut pas que des populations soient privées de leurs droits au motif qu’elles n’ont pas accès à Internet. C’est la même chose pour l’emploi, la santé, les loisirs : sans le numérique, vous ne pouvez rien faire ! Lutter contre l’illectronisme est devenu un enjeu de politique publique. Le numérique ne doit pas creuser les inégalités sociales, il faut en faire un levier d’insertion, un facteur d’inclusion pour tous.
Emmaüs Connect est une association qui a été créée en 2013 pour permettre aux personnes en situation de précarité sociale ou numérique d'accéder aux outils numériques devenus essentiels.
Emmaüs Connect se concentre sur 3 aspects de la précarité numérique :
C.B. : Nous sommes en relation avec des travailleurs sociaux qui orientent vers nous les personnes qui rencontrent des difficultés avec le numérique. On effectue un premier diagnostic pour comprendre leurs besoins et pouvoir leur proposer des solutions adaptées. Cela va des compétences de base – apprendre à utiliser un clavier, une souris, découvrir Internet – à des usages plus approfondis ou plus ludiques, comme télécharger des photos. On adapte nos parcours en fonction des besoins de nos publics, avec des accompagnements collectifs ou individuels selon les situations. S’il s’agit de demandeurs d’emploi, nous travaillerons davantage sur la recherche d’emploi ; pour les seniors, sur l’accès aux droits ; pour les jeunes, sur l’insertion professionnelle. Ce sont des parcours à la carte. Nous redistribuons également des recharges Internet et mobile à tarif solidaire pour permettre aux plus précaires d’avoir une connexion.
C.B. : C’est exact, nous avons mis en place un dispositif qui nous permet de collecter massivement du matériel auprès des entreprises qui ne les utilisent plus. Nous le remettons en état de marche grâce à un partenariat avec des chantiers d’insertion, puis nous le redistribuons, là encore à tarif solidaire, aux personnes qui en ont le plus besoin. Ce dispositif a un triple impact : environnemental, économique et social.
C.B. : Absolument ! Il suffit pour cela de se connecter au site lacollecte.tech. Et si vous n’êtes pas chef d’entreprise, vous pouvez devenir bénévole. Nous avons besoin de tous pour lutter contre l’exclusion numérique !
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