Comprendre l’augmentation de tarif des complémentaires santé
Facteurs économiques, législatifs et médicaux : on vous explique les hausses des tarifs des mutuelles santé en 2024 et les perspectives pour 2025.
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La santé mentale des Français s’est dégradée ces dernières années, au point de devenir un enjeu de société majeur. Si elle peut trouver son origine au travail, les entreprises qui favorisent le bien-être de leurs salariés ont beaucoup à y gagner. On fait le bilan et on trouve des solutions avec Fanny Jacq, psychiatre et directrice de la santé mentale chez Qare, et Cristina Zamfir, DRH de Castalie.
Les salariés français estiment qu’ils éprouvent de plus en plus de difficultés psychologiques au travail. La psychiatre Fanny Jacq, également directrice de la santé mentale au sein de la société de téléconsultation Qare, explique : « Selon les études, l’origine de ce mal-être serait pour 60 % professionnelle et 40 % personnelle. » Que la source principale du stress provienne de la maison ou du travail, l’essentiel pour chacun est de parvenir à maintenir l’équilibre. Lorsque le déséquilibre se crée dans l’entreprise, il est souvent lié :
On le sait par ailleurs, la crise sanitaire a perturbé bon nombre de salariés, confrontés à de nouveaux modes de fonctionnement, à des conditions de travail inédites, à l’hyperconnexion et à un phénomène croissant de blurring (floutage de la frontière entre vies personnelle et professionnelle, donnant l’impression de travailler en permanence).
Fanny Jacq note enfin la pression de l’immédiateté et de la surperformance exercée par notre société, avec un marché du travail très tendu, doté d’un faible soutien social ou relationnel. « Le premier sujet de stress est de rester performant pour ne pas perdre son travail ou voir ses missions se dégrader », conclut-elle.
Un excès de stress peut créer un désengagement, du ressentiment, un climat social tendu... « L’absentéisme au travail a explosé depuis quelques années, les principaux motifs étant les troubles psychologiques. Les phénomènes de turnover et de burnout suivent la même tendance », pointe la psychiatre. Dès lors, nombre de salariés « remettent en question leur vie professionnelle, sont en quête de sens. La crise sanitaire leur a souvent démontré qu’ils devaient attacher moins d’importance au travail. »
Mais l’entreprise peut aussi jouer un rôle vertueux lorsqu’il s’agit de préserver l’équilibre de ses troupes. « Le rôle de l’entreprise à l’égard du collaborateur va changer, estime Cristina Zamfir, DRH de Castalie. Je pense que nous n’en sommes qu’aux débuts. » Ainsi, dès le début de la pandémie, Castalie a lancé une plateforme dédiée à la santé mentale pour soutenir gratuitement et anonymement les collaborateurs qui en avaient besoin. L’initiative perdure, puisque depuis la rentrée 2022, « tous les salariés bénéficient de quatre séances auprès d’un spécialiste de la santé mentale, qu’il soit psychologue, coach de vie ou hypnothérapeute. La santé mentale doit être considérée au même niveau que la santé physique, il n’y a pas de tabou à se faire accompagner », estime la DRH de l’entreprise française.
Il y a urgence à favoriser le dialogue sur la santé mentale, d’autant que dans les faits, « très peu de salariés osent parler bien-être au travail avec leur supérieur ou avec leur référent RH », déplore Fanny Jacq. Un tabou qui se lève progressivement : chez Castalie, la plateforme de soutien moral obtient depuis son lancement un taux d’utilisation continu par 10 % des salariés. « Certains ont apprécié de bénéficier d’un suivi psychologique alors qu’ils ne l’avaient jamais fait jusqu’à présent. C’est une réussite, confie Cristina Zamfir, car c’est un sujet sur lequel les gens sont très pudiques, ils éprouvent une certaine honte. »
D’où vient ce tabou ? « Il y a encore ce cliché que si on est déprimé au travail, c’est par manque de volonté ; c’est donc synonyme de fragilité, notamment professionnelle. Et le fait d’être débordé serait lié à un manque d’organisation. Des clichés qui persistent, encore plus chez les hommes et chez les managers, pour qui l’aveu d’une fragilité serait signe de faiblesse », explique la psychiatre.
Les entreprises doivent pouvoir repenser en profondeur une politique globale de qualité de vie au travail : « Se questionner sur le management, le temps de travail, l’organisation, la confiance, l’autonomie, la prise en compte de l’individu dans son intégralité, et analyser toutes les sources de stress qui existent dans l’organisation », préconise Fanny Jacq.
La fonction RH a tout son rôle à jouer dans la préservation de la santé mentale des employés. Pas seulement en donnant accès à des outils et ressources (type charte de déconnexion), qui « peuvent avoir tendance à sur-responsabiliser le salarié », mais également en créant des conditions de travail qui maintiennent l’équilibre mental et, surtout, en instaurant un climat de sécurité psychologique. Il existe des actions concrètes pour cela, soufflées par nos expertes.
Les salariés doivent pouvoir s’exprimer librement avec RH et managers. Ces derniers ont pour mission de cultiver l'engagement autant que la productivité. Un peu d'encouragement et de temps sont nécessaires pour établir la confiance. Par ailleurs, certains outils vont stimuler la libération de la parole :
Des attentes trop élevées sont une des plus importantes sources de stress au travail. Les managers doivent parvenir à les définir clairement et savoir juger si elles sont trop fortes. Quitte à décharger un employé en surchauffe, en ajustant les attentes ou via une aide extérieure.
Le surmenage a de sérieuses conséquences à long terme. Au-delà des conseils qui peuvent être prodigués par les RH sur l’organisation du travail, les managers et dirigeants doivent aussi montrer la voie :
Les classes d’âge les plus touchées par le suicide étant celles en âge de travailler (58 % des suicides concernent les moins de 50 ans*), l’entreprise doit être un lieu de prévention. Plusieurs leviers existent :
Sur leur temps de travail, les salariés peuvent être encouragés à mettre leurs compétences ou simplement leur bonne volonté au service d’associations caritatives ou d’actions solidaires. Œuvrer pour l’intérêt général a des effets indéniables sur la santé mentale et peut contribuer à redonner du sens au travail. C’est aussi l’occasion d’activer ses soft skills tels que l’écoute, l’adaptabilité ou l’intelligence émotionnelle.
Si l’entreprise ne peut se charger des problèmes un à un, il en va de sa responsabilité de supprimer les obstacles au bien-être et à la productivité, en identifiant puis en éliminant au maximum les sources de stress, pour ne laisser aucun salarié en souffrance.
* Source : données OMS, 2019
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