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L’usure professionnelle, la reconnaître pour mieux la prévenir

Publié le 15/10/18

Vieillir par le travail ou vieillir au travail ? La nuance est de taille. L’ « usure professionnelle » recouvre l’altération de la santé au travail, que ce soit sur le plan physique, cognitif ou psychique. Une réalité qui ne doit pas être négligée.

Une accélération de la dégradation de l’état de santé

L’usure professionnelle désigne un phénomène d’altération de la santé liée au travail et aux conditions de travail. Celle-ci s’installe dans le temps plus ou moins rapidement et dépend du parcours professionnel de chacun, émaillé d’expositions à diverses contraintes et risques, à des niveaux plus ou moins élevés. Lorsque se cumulent le vieillissement biologique normal et cette usure professionnelle, on peut craindre une usure prématurée. En d’autres termes, une accélération du processus de vieillissement.

Au final, tout le monde y perd. Tout d’abord le salarié, la première victime. Cela se traduit chez lui par un handicap, un affaiblissement de la capacité à réaliser son travail etc.

L’entreprise aussi en paie les conséquences avec une perturbation de la production, une augmentation des inaptitudes des salariés, une augmentation des coûts et des difficultés de recrutement.

L’usure professionnelle, les seniors ne sont pas les seuls concernés

L’usure professionnelle peut apparaître très tôt dans le parcours professionnel. Elle dépend en effet de divers facteurs, touchant chacun à des degrés divers. Le cumul des expositions à des contraintes de toute nature (port de charges, objectifs irréalistes, injonctions contradictoires…), la possibilité ou non de régulation au travail (entraide, soutien…) ou encore l’existence ou non de facteurs favorisant l’état de santé au cours de la carrière (reconnaissance, plan de développement personnel, formations…) jouent parfois très rapidement dans le parcours professionnel. Les risques psycho-sociaux, déterminants dans la pénibilité ressentie par le travailleur, sont des cofacteurs déclencheurs essentiels dans cette altération de la santé.

Des manifestations à la fois physiques, cognitives et/ou psychiques

Les effets de l’usure professionnelle peuvent être immédiats mais également différés, liés en partie au ressenti et au vécu de chacun. Les manifestions physiques sont les plus repérables, le plus souvent, avec lombalgies, troubles musculo-squelettiques, migraines et céphalées et autres maladies professionnelles propres à chaque tâche etc. Le port de charges lourdes, de contraintes, au travail dans des conditions particulières (chaud, froid, nuisances de tout ordre comme le bruit ou chimiques etc.) sont particulièrement mis en cause.

Charge mentale, stress, difficultés de concentration… ces manifestations dites cognitives car faisant appel à la réflexion, sont générées par un travail sous pression, une quantité et une diversité d’informations difficiles à traiter, des objectifs inatteignables.

Quant aux manifestations psychiques, les spécialistes entendent par là un essoufflement professionnel, conduisant à une démotivation, un désengagement et une souffrance mentale. L’on rejoint la notion de burn-out, entretenue par des injonctions contradictoires, une sous-utilisation des compétences, l’absence de perspectives professionnelles, une privation de marge de manœuvre etc.

Désinsertion professionnelle, absentéisme, turn-over, qualité de travail dégradée, fuite des salariés-clés hors de l’entreprise, mauvais image… les enjeux pour les employeurs sont importants. Ils devraient pour ces raisons mettre en œuvre des actions visant à préserver la santé de leurs salariés. Pour ce faire, l’analyse des situations de travail, le recueil des perceptions des salariés au moyen d’entretiens et d’observations permet d’identifier précisément les causes de l’usure professionnelle et d’entrer dans une démarche suivie de prévention et d’amélioration continue, en évitant les initiatives isolées, par à-coups.

Cette démarche doit être globale, faisant intervenir l’ensemble des parties prenantes (par exemple, le CHS-CT est associé, entre autres dans ses nouvelles missions « d’analyse de l’exposition des salariés à des facteurs de pénibilité ») mais aussi des professionnels extérieurs : médecins du travail, psychologues, spécialistes intervenant dans les risques psychosociaux tels ceux travaillant pour l’ANACT et l’ARACT, les associations nationale et régionale pour l’amélioration des conditions de travail.

Pour en savoir plus sur l’usure professionnelle :
-ARACT Ile de France : www.aractidf.org
Et l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS).
-Brochure « Bien vieillir au travail », par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) : http://www.ast74.fr/upload/asafwgbklc.pdf

Hélène Joubert, journaliste.

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