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Moins d’accidents du travail, plus de troubles psychiques

Publié le 06/11/17

Selon les tous derniers chiffres, 626 000 accidents du travail ont été comptabilisés en 2016. Un plus bas historique qui témoigne de l’amélioration de la sécurité et du confort des postes de travail. Deux bémols cependant : le secteur des services à la personne est de plus en plus touché et les affections psychiques qualifiées en maladies professionnelles s’envolent. Mais l’analyse mérite d’être nuancée. Par Hélène Joubert, journaliste scientifique.

 

Tendance à la baisse pour les accidents au travail

2016 a fait encore mieux que 2015 ! Concernant les accidents du travail, la tendance de fond se confirme et leur nombre est au plus bas depuis 1946 selon les données parues en septembre 2017 par la branche Risques professionnels de l’Assurance maladie*. Il y a eu, l'an passé, 33,8 cas pour 1 000 salariés, contre 33,9 cas en 2015.

Au total, plus d'un million d'accidents de travail ou de trajet et de maladies professionnelles ont été reconnus et pris en charge par la Sécurité sociale en 2016. Parmi eux, 764 000 ont entraîné un arrêt de travail ou une incapacité permanente. Il y a eu 626 000 accidents du travail en 2016.

Une tendance à saluer dans le BTP (-3,7%) secteur gros pourvoyeur d’accidents du travail. Les efforts entrepris pour sécuriser l’environnement et les postes de travail ainsi que le confort des travailleurs porte ses fruits. Ainsi, le BTP tombe de 61,9 accidents à 60 pour 1 000. Les tâches de manutention, le transport de charges par exemple représentent 53% des accidents.



Si l’on parle en valeur absolue, le nombre d'accidents du travail ayant entraîné un arrêt de travail ou une incapacité permanente progresse de 0,3% à 626 227. Mais il faut bien comprendre que l’on parle en valeur absolue et non en valeur relative et cette hausse peut traduire un regain de l’activité économie.



Dans l'intérim, l'indice de fréquence des accidents du travail grimpe de 7,8 % en un an. Faut-il pointer l’intérim du doigt ? Pas si sûr. Selon les analyses de cette branche de la Sécurité sociale, traduire cette progression comme une dégradation de la sécurité des travailleurs serait une erreur : « En augmentation depuis 2015, la hausse des accidents dans ce secteur peut être le signe avant-coureur d'une reprise économique ».

 

Les troubles musculosquelettiques reculent

Entre 2015 et 2016, le taux de maladies professionnelles prises en charge a reculé de 4,3%. Pour leur part, les troubles musculosquelettiques (TMS) maladie très invalidante à mettre sur le compte de gestes répétitifs, reculent de 4,1%.

Selon les auteurs de l’étude de l’Assurance maladie « cela serait lié à une meilleure prise en compte des risques psychosociaux dont les cas reconnus de maladie professionnelle ont été multipliés par sept en cinq ans ». La France serait également « le pays européen qui reconnait le plus le syndrome d'épuisement ».



La tendance est identique avec les cancers liés à l'amiante qui chutent de 9,5%, conséquence positive de la chasse à ces minéraux fibreux.

 

Services et soins à la personne, la situation se dégrade

Le secteur des services à la personne, ces métiers liés à l'assistance des personnes dans leurs tâches quotidiennes (aides-soignants, entretien, garde d’enfant, services aux personnes fragiles etc.) enregistre trois fois plus d'accidents et de maladies que la moyenne, avec 94,6 accidents pour 1 000 employés. Le taux d'accidents du travail a augmenté de 2% en un an et même de 45% en 10 ans. L’Assurance maladie juge la situation « préoccupante ».

La forte hausse des lombalgies est mise en avant, responsable à 20% du nombre d'accidents du travail, ainsi que les troubles musculosquelettiques, qui représentent 87% des maladies professionnelles.

 

Affections psychiques et cancers hors amiante à la hausse

Si l’on regarde uniquement les cancers professionnels hors amiante, la progression est très forte avec +10%. Il semble que le cancer de la vessie, souvent lié à un agent cancérigène sur le lieu de travail, porte pour une large part cette croissance des cancers professionnels. L’expérimentation conduite par la branche Risques professionnels ayant été généralisée en 2015, on pourrait voir dans ces chiffres de 2016 la conséquence directe d’une meilleure information des intéressés qui a permis de multiplier par 5 à 10 les demandes de reconnaissance de cancers de la vessie en maladie professionnelle.

Entre 2015 et 2016, le bond est encore plus phénoménal pour les affections psychiques qui augmentent de 40%. Faut-il en déduire un mal-être généralisé et très préoccupant ? Peut-être, mais deux bémols à cela. Tout d’abord parce qu’il ne s’agit que de quelques centaines de cas : 596 avis favorables plus exactement ont été prononcés par les commissions régionales chargées de qualifier les maladies psychologiques en maladies professionnelles (422 en 2015). Ensuite, il s’agit aussi probablement d’une plus grande prise de conscience par les travailleurs de leurs droits et qu’ils peuvent les exercer, d’autant plus aisément que la règlementation a intégré des assouplissements, facilitant l’examen des cas et leur qualification en maladie professionnelle. En quelques sortes, il s’agirait de davantage de demandes de reconnaissance.



Référence :

*http://risquesprofessionnels2016.fr/

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