Comprendre l’augmentation de tarif des complémentaires santé
Facteurs économiques, législatifs et médicaux : on vous explique les hausses des tarifs des mutuelles santé en 2024 et les perspectives pour 2025.
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Taboue ou ignorée… la douleur chronique au travail est pourtant omniprésente. Elle impacte dans leurs tâches deux tiers des travailleurs, ce qui se traduit par 88 millions de journées annuelles d’arrêts de travail en France. Souffrir en silence, se taire, n’est pas la bonne attitude, car cela peut au contraire aggraver la douleur et compromettre l’avenir professionnel et la qualité de vie. Le bon réflexe est d’en parler au médecin du travail.
Près de 20 millions de Français sont des douloureux chroniques, rebelles aux traitements antalgiques. Cela représente 30 % de la population adulte *. D’après l’étude française National Health and Wellness Survey (2013), la douleur impacte dans leur travail deux tiers des personnes, avec un surcoût annuel d’environ 1,163 milliard d’euros. Par exemple, 67% des personnes souffrant d’arthrose déplorent un impact important ou modéré de la douleur sur leur activité professionnelle**.
Premières citées : la lombalgie, les douleurs articulaires dont l’arthrose, la migraine, les rhumatismes inflammatoires (polyarthrite, spondylarthrite) et les douleurs neuropathiques dues à des lésions nerveuses (diabète, chirurgie, etc.). Mais il ne faut pas oublier l’insuffisance veineuse, les maladies chroniques de l’intestin, et même les incontinences.
Les répercussions de la douleur au travail concernent tant l’aspect sociétal que psychologique. Le tabou, la honte d’avoir mal font que le malade chronique aura tendance à passer sa douleur sous silence. Il risque ainsi d’entrer dans un cercle vicieux qui peut exacerber sa douleur, soit parce qu’il se sous-traite, soit parce qu’il travaillera encore plus pour masquer sa déficience. « Souvent, les douloureux chroniques ont honte de prendre leurs médicaments au quotidien, au risque de se sous-traiter ou de les prendre en cachette pour ne pas passer pour des personnes dépendantes ou faire douter de leurs capacités professionnelles », remarque le Pr Serge Perrot, rhumatologue et médecin de la douleur (Centre de la douleur, Hôpital Cochin, Paris).
De plus, non seulement le travail peut accroître des douleurs chroniques existantes, mais certaines personnes auront tendance à surconsommer des antalgiques pour mener à bien leur tâche. Au risque d’effets indésirables potentiels - en particulier cognitifs de par leur action au niveau du système nerveux central pour la morphine et ses dérivés (codéine, tramadol) et pour les antiépileptiques dans le cas des douleurs neuropathiques. Avec, à la clé, un risque de troubles de la concentration, de l’attention et de la vigilance, que ce soit pour la personne elle-même ou les usagers (conduite d’engins, personnel soignant, etc.).
Le retentissement psychologique d’une douleur chronique au travail peut être considérable, avec des répercussions sur le travail mais aussi sur le sommeil, sur la peur de l’avenir et la vie quotidienne. « Une dépression plus ou moins légère est très souvent présente, assure le Dr Gérard Szwagrzyk, médecin du travail à Muret (Haute-Garonne). Or, la dépression peut aggraver la douleur qui, elle-même, aggrave l’état dépressif. » Par ailleurs, surtout lorsque la situation perdure, « en cas de restriction médicale d’aptitude, il y a un surcroît de travail voire de pénibilité ou de manque d’intérêt qui incombe alors au collectif, souligne-t-il. L’acceptabilité des collaborateurs et de l’entreprise n’est absolument pas garantie », ce qui peut favoriser l’exclusion du salarié et générer un mal-être, d’une dépression, etc. L’idéal est d’anticiper l’octroi d’une inaptitude au travail et de se préparer à la probabilité de ne pas pouvoir conserver son emploi (bilan de compétences, orientation professionnelle, etc.).
Le Dr Anne Delépine, conseiller médical en santé au travail, à l'Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS), insiste : « Le médecin du travail et le service de santé au travail sont les interlocuteurs clés pour le maintien en emploi de tout travailleur ayant un problème de santé. De multiples solutions - mesures individuelles et concernant l’environnement de travail - sont disponibles pour adapter le poste de travail à l’état de santé. Elles peuvent être mises en œuvre à l’initiative ou avec l’aide du médecin du travail en coordination avec des acteurs internes et externes à l’entreprise (ergonome pour des adaptions de poste, spécialistes de la pathologie elle-même ou de la douleur, psychologue, etc.), tout en respectant le secret médical ».
Si la crainte de perdre son emploi ou de freiner son évolution professionnelle rebute, il faut savoir que le statut de travailleur handicapé est le seul moyen juridique pour se donner les moyens d’exercer efficacement et sereinement son activité sans devoir compenser seul sa situation de handicap ce qui, à terme, pourrait aboutir à une inaptitude professionnelle.
La nouvelle organisation mise en place est un compromis entre l’état de santé du salarié, son bien-être et le travail effectué. Les travailleurs sont demandeurs : 37 % des personnes arthrosiques souhaiteraient un aménagement des horaires de travail**. Les possibilités sont variées : éviter ou limiter les taches manuelles en cas d’arthrose importante, arriver plus tardivement au travail du fait de l’enraidissement matinal des articulations en cas de rhumatismes inflammatoires, utiliser des chariots élévateurs en cas de port de charges lourdes, favoriser le télétravail pour limiter le temps de transport, adopter des horaires flexibles, éviter les horaires décalés, placer l’écran à la bonne hauteur, limiter les tâches répétitives, rythmer le travail par des pauses adaptées, etc.
Quant aux arrêts de travail ou congés maladie, ils sont souvent bienvenus « à la condition que ce soit du temps consacré à s’occuper de soi et à se soigner, selon un plan de prise en charge pluridisciplinaire », pointe le Pr Serge Perrot. Repos, suivis médical et psychologique, examens médicaux, approches non médicamenteuses comme l’activité physique, la kinésithérapie, la relaxation etc. favorisent une bonne reprise du travail.
Hélène Joubert, journaliste, avec le Pr Serge Perrot (Centre de la douleur, Hôpital Cochin, Paris), le Dr Anne Delépine (INRS) et le Dr Gérard Szwagrzyk, médecin du travail (Haute-Garonne).
Références :
*Bull. Acad. Natle Méd., 2018, 202, no 7, 1355-1370, séance du 9 octobre 2018
** Enquête AFLAR 2017 Https://www.stop-arthrose.org/resultats-de-la-premiere-grande-enquete
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