Comprendre l’augmentation de tarif des complémentaires santé
Facteurs économiques, législatifs et médicaux : on vous explique les hausses des tarifs des mutuelles santé en 2024 et les perspectives pour 2025.
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Comment qualifier la santé des dirigeants ? Quelles sont ses caractéristiques ? Depuis la crise de la Covid-19, la santé des travailleurs non-salariés est au cœur de nombreuses préoccupations. Fatigue, stress, dépression… les dirigeants de TPE, PME, ou encore les commerçants doivent faire face à une forte incertitude pour leur entreprise. Pourtant, la santé des dirigeants est souvent meilleure que celle des autres personnes actives. Olivier Torrès, fondateur de l’association Amarok et professeur de management des PME à l’Université de Montpellier et MBS, soutient la thèse que le verre est plus souvent à moitié plein qu’à moitié vide. En témoignent les nombreux facteurs liés au plaisir d’entreprendre.
Oliver Torrès : Depuis douze ans maintenant je m’intéresse à la santé des patrons de PME, aux artisans, aux commerçants, aux libéraux, aux indépendants, aux agriculteurs et j’ai constaté un phénomène que j’appelle l’effet de Gulliver. Il s’agit de représenter les problématiques liées à l’entreprise en se basant uniquement sur le modèle des grands groupes. Pourtant selon l’Insee, les TPE et PME représentaient en 2020 plus de 99% des entreprises en France. Il est question de 10 millions d’emplois salariés et non-salariés !
Je me ressens comme un « PMiste » et c’est pour cette raison que j’ai levé le voile sur cette réalité qui n’était ni vue ni formalisée. Il y a douze ans, j’ai donc fondé l’Observatoire Amarok avec une double finalité : produire des connaissances scientifiques et se placer en recherche appliquée c’est-à-dire mener ses propres études. Amarok a aussi pour vocation de soutenir et d’écouter les chefs d’entreprise en difficulté ou en risque d’épuisement professionnel grâce à une équipe de psychologues dédiée.
Oliver Torrès : Les données recueillies par Amarok dressent un constat étonnant : entreprendre est bon pour la santé mais c’est épuisant. L’entreprenariat génère ce que j’appelle une « euphorie épuisante ».
Nous avons mené une étude épidémiologique qui a permis d’identifier que les dirigeants développaient moins souvent de maladies à la seule exception du diabète. L’une des causes est le manque de sommeil qui est clairement l’un des points noirs de la santé des chefs d’entreprise.
Olivier Torrès : Il est difficile de comprendre la santé des entrepreneurs sans intégrer ce qu’on appelle la salutogénèse, à savoir les facteurs qui génèrent une bonne santé.
La santé s’observe souvent sous un prisme négatif qui fournit une vision tronquée de la réalité. Il est bien entendu évident et avéré que les dirigeants sont davantage exposés que le reste de la population à des facteurs pathogènes. Ils font face à plus de stress, plus d’incertitudes, à un sentiment de solitude accru et à une surcharge de travail qui sont autant de facteurs pathogènes. Cela a notamment été exacerbé depuis la crise de la Covid-19. Une étude nationale que nous avons menée entre 2019 et 2021* a montré un niveau d’épuisement élevé sans précédent ainsi qu’une grande fatigue des dirigeants.
Pourtant, grand paradoxe : les entrepreneurs sont bien souvent en meilleure santé que les salariés ! C’est ici qu’intervient la « salutogénèse ». L’idée est d’analyser la santé en prenant en compte les facteurs de risque aussi bien que les éléments positifs. Cela se traduit par exemple par le sentiment de maîtriser davantage son destin, une bonne capacité d’adaptation ou de développer une vision optimiste de l’avenir.
Olivier Torrès : Tout d’abord, gérer l’épuisement. Pour cela, il est essentiel de capitaliser sur la qualité de son sommeil. Elle ne doit plus être une variable d’ajustement au quotidien. Le dirigeant peut aussi être plus attentif à sa fatigue afin de mieux gérer son agenda. Un exemple typique : éviter de prendre des obligations à l’autre bout de la France dès la première heure de la matinée ! Faire du sport et penser à bien s’alimenter sont aussi de bonnes habitudes à adopter pour améliorer sa qualité de vie et retrouver un rythme de vie plus équilibré.
Le risque d’épuisement professionnel concernait 17,5% des dirigeants en 2019. Lors de notre seconde enquête nationale consacrée à la Covid-19, ce chiffre est monté de façon inquiétante pendant le confinement en janvier 2021 à 34,6 %. Second point et non des moindres : être vigilant sur le sommeil, les indépendants ne dorment pas assez ! Le français moyen dort en moyenne 6h50 par nuit contre 6h20 pour un chef d’entreprise. Cela représente une différence de presque 200 heures par an et génère des dettes de sommeils qui ne se rattrapent jamais.
Les entrepreneurs sont sous l’emprise de l’idéologie du leadership qui ne laisse aucun espace pour toute forme de faiblesse. Lorsqu’ils sont interrogés, ils répondent trop souvent qu’ils n’ont pas le temps d’être malades. Ce rapport existentialiste est un élément à considérer. Lorsque l’entreprise devient une raison de vivre, cela peut s’avérer dangereux en cas de période difficile.
Olivier Torrès : Je vais vous répondre par un cas concret…En 2011, le décès de Steve Jobs a impacté à peine d’1% l’action d’Apple : les marchés financiers avaient anticipé son décès.
Au sein de ces géants de l’économie, la santé du dirigeant ne pèse pratiquement rien sur la santé du groupe. A l’inverse, la santé d’une entreprise TPE ou PME est directement liée à celle de son dirigeant. La moindre dégradation peut entrainer le ralentissement voire l’arrêt complet de l’activité. On peut donc dire que la santé du dirigeant d’une PME est un capital immatériel pour l’entreprise et plus encore pour l’entrepreneur individuel.
Olivier Torrès : Les TNS font face à de nombreux facteurs de stress tels que le dépôt de bilan, la surcharge de travail, la perte d’un client… En 2015 nous avons publié une étude dévoilant un nouvel outil pour mesurer le stress : le « stressomètre entrepreneurial ». Il dévoile une trentaine de facteurs qui impactent la santé des dirigeants**. Cependant la thèse d’Amarok est justement de ne pas étudier la santé des TNS uniquement sous un prisme négatif. Nous avons ainsi travaillé en parallèle sur un « satisfactomètre » afin de lister les facteurs de bien-être clé. Par exemple, la satisfaction de la clientèle, un bon climat social, une bonne implication du personnel, l’agrandissement des locaux…
En définitive, on retient que les TNS sont plus sensibles au burn out car ils sont en bonne santé mais ils sont épuisés. L’enjeu aujourd’hui est de comprendre comment entreprendre sans s’épuiser.
* 2e Enquête nationale Covid 19 entreprenariat français, relance économique et vaccination, observatoire Amarok, mars 2021.
** Article « Entrepreneurs, enfin un outil pour mesurer votre stress » Harvard Business Review France, 2015
Crédit photo : Claude Almodovar
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