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Diabète, la prévention tous azimuts

Publié le 24/08/18

Comment ne pas entrer dans la maladie diabétique ? Les règles d’hygiène de vie sont la solution la moins onéreuse et la plus efficace pour réduire son risque de diabète de type 2 et d’ailleurs celle préconisée par l’Organisation Mondiale de la Santé. Mais peut-on faire encore mieux ? Des chercheurs en sont persuadés.

L’impact du mode de vie sur la survenue d’un diabète

A l'horizon 2025, on attend 4,4 millions de personnes diabétiques dans le monde et 4,8 millions de prédiabétiques, c’est-à-dire à un stade où le taux de sucre dans le sang est à la limite de la normale*. D’où l’idée de traiter le prédiabète, en vue de freiner l'évolution vers le diabète. En effet, en l’absence d’intervention, les personnes prédiabétiques progressent vers le diabète de type 2 à raison de 5 à 10 % par année.
Or, tous les spécialistes s’accordent sur le fait que le risque de diabète de type 2 peut être approximativement divisé par deux chez les personnes à haut risque de diabète ayant modifié leur mode de vie, en observant des règles strictes d’activité physique et de diététique visant principalement à réduire la surcharge pondérale : 150 minutes d’activité d’intensité modérée par semaine ou 30 minutes de marche rapide par jour, perte d’un éventuel surpoids et alimentation variée et équilibrée.

Des médicaments pour freiner l’entrée dans le diabète

Les chercheurs testent certains médicaments dans le prédiabète. Parmi d’autres, un antidiabétique (metformine) réduit de 30% à 3ans le risque de passer du prédiabète au diabète. Ce risque est réduit de 28% au moyen d’une insuline (glargine) et de 60% avec un autre antidiabétique (liraglutide) mais testé seulement sur 56 semaines. Mais il n’est pas encore question de prescrire des antidiabétiques à cette fin, la prévention de l’installation du diabète ne repose donc pas sur la prise médicamenteuse, d’autant que les effets protecteurs s’amenuisent sur le long terme.

Contrer les mauvaises influences de l’environnement

L’épigénétique, un mot barbare pour signifier la manière dont l’environnement, qu’il soit extérieur ou dans le ventre maternel, peut influer sur le risque de développer une maladie, via non pas la modification des gènes mais de leur expression. Par exemple, « nous avons montré que l’exposition fœtale au taux de sucre élevé dans le sang de la mère (hyperglycémie maternelle) est associée à une diminution de la sécrétion de l’insuline à l’âge adulte et donc probablement à un risque accru de diabète de type 2 », illustre le Pr Jean-François Gautier, chef du service de Diabétologie, Endocrinologie, Nutrition (Hôpital Lariboisière, Paris). Les expériences en cours tentent d’intervenir sur les mécanismes qui modifient l’expression des gènes.

Un vaccin thérapeutique dans le diabète de type 2

La piste d’un vaccin thérapeutique développée par l’équipe du Pr Rémy Burcelin (Toulouse), pionnière dans ce domaine, est de stimuler le système immunitaire afin de renforcer l’immunité intestinale en empêchant le passage d’antigènes bactériens dans les tissus. En effet, ces antigènes bactériens déclenchent une réaction immunitaire anormale à l’origine d’un blocage des fonctions des tissus. A la clé, une résistance à l’insuline mais également un défaut de sécrétion d’insuline. À cette intention, les chercheurs vaccinent en injectant une « soupe de probiotiques » (micro-organismes de la flore intestinale). Chez des souris saines vaccinées, soumises 45 jours plus tard à un régime fortement diabétogène, cette approche a permis d’éviter le développement d’une hyperglycémie ou d’en réduire fortement l’intensité. Les espoirs sont permis.

Un « contre-vaccin » par voie orale dans le diabète de type 1

A l’opposé d’une vaccination classique, qui induit une réponse immunitaire contre un antigène, dans le diabète de type 1 les chercheurs souhaitent induire une réponse neutralisante vis-à-vis des antigènes de la cellule beta du pancréas dans l’objectif d’apprendre au système immunitaire à tolérer ces cellules bêta qui sécrètent l’insuline. En effet, dans le diabète de type 1, il y a une autodestruction des cellules du pancréas. L’équipe du Pr Roberto Mallone, Service de Diabétologie (Hôpital Cochin, Paris, INSERM U1016) est bien avancée : « nous avons obtenu une protection vis-à-vis de l’apparition du diabète, avec des signes montrant que les lymphocytes auto-réactifs sont mieux éliminés. On espère, si les résultats sont confirmés, lancer des essais de vaccination dans le type 1 dans 5 à 10 ans ».

*hyperglycémie modérée à jeun entre 1,10g-1,25g

Hélène Joubert, d’après des entretiens avec les Prs Jean-François Gautier, chef du service de Diabétologie, Endocrinologie, Nutrition (Centre Universitaire du Diabète et de ses Complications, Hôpital Lariboisière, Paris), Rémy Burcelin, directeur de recherche, Institut des Maladies Métaboliques et Cardiovasculaire – 12MC ; INSERM UMR 1048 (Toulouse) Roberto Mallone, Service de Diabétologie (Hôpital Cochin, Paris, INSERM U1016).

Hélène Joubert, journaliste

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