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Conservation d’ovocytes : le combat des jeunes femmes d’aujourd’hui

En France, la conservation des ovocytes n’est autorisée que dans certains cas. La majorité des femmes en est exclue. Pourtant, de plus en plus de jeunes célibataires ont recours à cette pratique à l’étranger.

Publié le 14/03/19

 

Valérie a 39 ans, elle est célibataire. Comme beaucoup de femmes, la question de l’horloge biologique trotte dans son esprit depuis quelques années. Pour qu’elle ne devienne pas un problème, Valérie a décidé de faire congeler ses ovocytes. “J’avais peur de vouloir un enfant une fois passé quarante ans mais de ne plus pouvoir, concède-t-elle. Je suis maintenant libre, j’ai gagné des années pour trouver un papa potentiel, décider d’avoir un enfant seule ou de ne pas en avoir.” En décembre 2016, elle s’envole donc pour l’Espagne car cette pratique est interdite en France, sauf pour trois situations : en cas de procréation médicalement assistée (PMA), en cas de traitement médical et/ou de pathologies ayant des conséquences sur la fertilité et, depuis 2015, en cas de dons d’ovocytes. Les donneuses ont le droit d’en faire congeler une partie pour elles, qu’elles pourront utiliser jusqu’à 43 ans. Valérie ne répondait à aucune de ces conditions et a donc opté pour l’étranger.

Valérie a commencé par un traitement hormonal, entre 12 et 14 jours, pour que les ovaires produisent plus d’ovocytes. “La méthode n’est pas douloureuse mais fatigante, développe-t-elle. J’étais un peu dérangée car l’abdomen grossi, le ventre est gonflé.” Durant cette phase, des échographies pelviennes et des bilans hormonaux permettent à l’équipe médicale de savoir quand les ovocytes sont assez nombreux. Dès lors, la patiente est opérée, sous anesthésie générale en quelques heures, afin de les prélever. “Les ovocytes sont ensuite vitrifiés, c’est-à-dire congelés ultra rapidement, ce qui permet un taux de survie entre 90 et 95%, explique Maria Jésus Lopez, gynécologue spécialiste en PMA dans la clinique Eugine où Valérie s’est faite opérer. Une fois vitrifiés, ils sont gardés dans différents réservoirs jusqu’au moment où la femme décide de les utiliser.” À la clinique Eugine, la limite est fixée à 50 ans.

 

 

65% des patientes sont Françaises

Selon les derniers articles, si la femme a moins de 39 ans il faut au moins 9 ovocytes vitrifiés pour avoir une probabilité de 62% d’avoir un enfant, poursuit Coralie Samara, responsable du programme Timefreeze, programme de préservation de la fertilité de la clinique Eugine. Chaque prélèvement offre une probabilité d’être enceinte, qui dépend du nombre et de l’âge des ovocytes recueillis à la ponction folliculaire. Ainsi, il est recommandé d’entreprendre la démarche entre 34 et 35 ans, avant que la qualité de l’ovule ne diminue. Quand la femme désire un enfant, une fécondation in vitro est réalisée pour créer un embryon. Il sera inséré dans l’utérus de la patiente, par une PMA. A chaque transfert embryonnaire il y a une probabilité d’être enceinte, mais pas de certitude.

Dans la clinique Eugine, 1113 traitements ont été pratiqués entre 2011 et 2017. Les Françaises en représentaient 65%. Mais seulement 57 femmes sont revenues pour utiliser leurs ovocytes. Pour l’instant, Valérie n’en ressent pas le besoin. Elle a le temps. D’ailleurs, son rapport aux hommes et aux rencontres a beaucoup évolué. “Je ne suis plus à la recherche du partenaire avec qui je pourrais avoir un enfant, explique-t-elle. Je suis plus détendue dans ma vie de célibataire.” Une tranquillité d’esprit qui lui a coûté 2 350 euros pour quatre ans. Et 250 euros par année supplémentaire.

Léa Casian

 

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